Halte au Greenwashing
Le Green IT recouvre des problématiques tout à fait différentes qui contribuent à un même objectif. On retrouve à la fois la réduction de l’utilisation des matériaux dangereux, la recyclabilité des produits et des déchets et la maximisation de l’efficacité énergétique. Ainsi un constructeur d’imprimantes peut légitimement afficher une politique Green IT en utilisant des cartouches fortement recyclables mais tout en ayant une consommation électrique par page élevée.
Après 20 années passées à dépenser les ressources IT sans compter et à prôner les mérites de l’illimité, l’informatique en vient enfin à considérer celui qui était le parent pauvre des critères de choix des équipements informatique à savoir la consommation électrique.
J’ai l’impression qu’à l’instar de Gaston Lagaffe qui a inventé une lampe de poche qui fonctionne à l’énergie solaire … mais qui ne marche qu’en plein soleil, les constructeurs informatiques débordent d’inventivité pour apposer une étiquette Green sur leurs produits. Ainsi un constructeur de switchs réseau annonce fièrement 52% de consommation en moins … en désactivant électriquement les ports inutilisés. Pour faire simple, pour ne pas consommer il ne faut pas l’utiliser.
Les éditeurs de logiciels sont tout aussi partiaux en annonçant par exemple que Windows Vista est plus Green que Windows XP car il gère mieux la consommation. C’est exact, mais c’est oublier que Vista réclame un processeur 2,4 fois plus puissant pour les mêmes performances.
Les prestataires de services s’empressent de recommander des solutions de virtualisation présentées comme la panacée pour la réduction de la consommation électrique. C’est sans compter les effets de bord de ce type de solution à savoir une prolifération du nombre de serveurs virtuels ainsi que la consommation très élevée des équipements matériels supportant les machines virtuelles.
« La critique est aisée et l’art est difficile » aussi serait il injuste de controverser les réelles évolutions technologiques qui majoritairement contribuent à diminuer la consommation électrique. Il convient surtout de garder à l’esprit l’objectif de celui qui présente des chiffres mais surtout d’établir des mesures réelles et objectives en condition de production afin de faire les justes choix et de répondre à la question essentielle : « Combien de kwh vais-je économiser ? »
Soyons honnêtes, nous aussi y sommes intéressés et ce n’est ni par philanthropie ni simplement par convictions personnelles mais pour proposer une approche objective ou tout au moins normalisée de mesure de la consommation électrique. Nous considérons qu’il y a un vaste chantier de réduction de la consommation électrique tant sur les serveurs que sur les postes de travail mais que seule une approche normative permet d’aboutir à des résultats réels. L’objectif est à la fois simple et pragmatique : chiffrer l’économie effective et établir sur cette base des préconisations d’infrastructure matérielle, d’optimisation logicielle et d’exploitation.
La tendance actuelle sur le Green IT a au minimum le mérite d’éduquer une conscience collective sur la nécessité de réduire notre consommation électrique. Tous les acteurs de l’informatique développent des solutions qui finiront par avoir un réel impact sur notre consommation. Pour autant les analystes nous présentent depuis des années des courbes de croissance quasi-exponentielles du nombre d’équipements, de leur consommation intrinsèque et de la consommation globale mais cette prise de conscience aura probablement au minimum le mérite d’infléchir ces tendances et au mieux celui de contrebalancer l’évolution du nombre d’équipements. A défaut d’être un tel analyste, ce que je vous prédis, c’est que l’avenir ne sera pas celui qu’on vous prédit.