“Il faut commencer par sensibiliser les troupes”
Quels sont vos projets en matière de green IT ?
Nous menons une politique d’économie d’énergie très volontariste sur les postes de travail et les serveurs : virtualisation, mutualisation de l’hébergement avec d’autres entreprises, etc. Nos acheteurs utilisent aussi des éco-labels tels que Energy Star 4.0 et 80Plus lors de leurs achats. Avant de recycler les PC usagés nous tentons d’abord d’étendre leur durée de vie d’une ou deux années. Enfin, nous sensibilisons nos collaborateurs : impression raisonnée, extinction des PC la nuit, etc.
Utilisez-vous l’informatique comme un levier environnemental ?
Oui. A deux niveaux. Nous optimisons nos processus métier, notamment en dématérialisant les documents échangés avec nos partenaires (ex: validation des factures) et nos clients (ex: dossier client). Les gains sont évidents : moins d’impressions, suppression des envois de parapheurs entre nos différents sites. En parallèle, nous essayons de réduire les déplacements inutiles grâce à un système de visio-conférence déployé dans toutes nos implantations (Filiales étrangères, Directions régionales, Agences,…). Et nous facilitons l’accès à distance à notre système d’information pour favoriser le travail à distance, source à la fois de bien-être et de performance pour nos collaborateurs..
Dans quel ordre avez-vous lancé tous ces projets ?
Nous avons suivi 3 étapes. La première consiste à sensibiliser les utilisateurs sur des sujets tels que la limitation des impressions, l’extinction des PC, le recyclage de consommables, etc. Pour cette sensibilisation, c’est un peu l’effet Ketchup : il faut secouer longtemps et cela vient d’un seul coup, comme une évidence. Plus la DG s’implique, plus c’est efficace.
Quelles sont les deux autres étapes ?
On peut ensuite déployer des outils pour réaliser des économies d’énergie, de la GED, faciliter l’accès au système d’information de partout dans le monde, etc. La troisième étape consiste à intégrer la logique de développement durable dans l’offre de l’entreprise.
On s’éloigne donc de l’informatique ?
Au contraire. Notre concept de « Green Office » consiste à concevoir des immeubles de bureaux à énergie positive, c’est-à-dire plus d’énergie produite que d’énergie consommée. Le premier Green Office sera construit à Meudon dès l’année prochaine. Les outils informatiques y jouent un rôle déterminant : pilotage des consommations du bâtiment, optimisation des réseaux, nouveaux comportements de travail, etc. Nous inventons une nouvelle génération de bâtiments qui va provoquer des comportements professionnels innovants. Autour de ce concept, des partenaires IT nous rejoignent pour proposer un écosystème global, intégrant toutes les fonctions de l’entreprise (réseau, mobilier, poste de travail) dans une démarche développement durable cohérente et complémentaire. Au-delà de la phase conception, l’ambition commune est de garantir un engagement de performance énergétique de l’immeuble en exploitation.
Quels résultats avez-vous obtenu ?
Les premiers résultats sont encourageants : 10% d’impression en moins avec un objectif à court terme à 25%. Les 2/3 de nos réunions entre nos différents sites se font désormais par visioconférence. A l’échelle de 1500 collaborateurs, l’impact pour l’environnement est important. Cependant, les plus gros progrès auront lieu quand les entreprises adopteront massivement le concept Green Office. Nous visons une consommation de la bureautique de 14 kwh/m2/an au lieu de 40 kwh/m2/an dans les bâtiments actuels, soit 3 fois moins. Nous mettons également en place des outils d’auto-évaluation pour que chaque collaborateur prenne conscience de son empreinte énergétique au quotidien et puisse intervenir sur son comportement.
Quelle est la plus grosse difficulté que vous ayez rencontré ?
Pour faire du GreenIT, il ne faut pas avoir peur de se remettre en cause et de casser la routine. Souvent, les vraies innovations ne se font pas à la marge mais par rupture avec l’existant. Ne prenons plus par exemple la puissance comme référence mais plutôt la performance. Sachons nous affranchir de l’effet « waouh » pour nous concentrer sur l’efficacité attendue. Ni plus, ni moins.