RSE : Microsoft à côté de la plaque
Microsoft vient de publier son rapport annuel sur sa Responsabilité Sociétale (RSE ou Global Citizenship report en anglais). Il est disponible ici.
Le contraste avec celui de HP est saisissant. Tandis que le constructeur développe avec beaucoup de clarté et chiffres à l’appui sa stratégie, Microsoft verse dans le greenwashing. Pas étonnant que Greenpeace lui attribue toujours une aussi mauvaise note.
Les 16 pages du rapport de Microsoft n’ont ni queue ni tête. La section consacrée à l’environnement (“Environmental Stewardship”, page 8) tient sur une page. On y apprend que les nouveaux bâtiments de l’éditeur respecteront la norme LEED Silver (équivalent de HQE en France) et consommeront donc 20% d’énergie en moins qu’un bâtiment traditionnel. Microsoft a également mis en place un service de navettes gratuites sur son siège social. De quoi éviter l’émissions de 3.200 tonnes de CO2 chaque année. Des initiatives fort louables.
Pure leçon de greenwshing
Attention, les plus sérieux d’entre-vous vont bien rigoler. Selon Microsoft, “Windows Vista est le système d’exploitation le plus efficace d’un point de vue énergétique” que l’éditeur ait développé. Sous couvert d’une pseudo étude du Natural Resources Defence Council, Microsoft affirme que Vista permettrait d’éviter l’émission de 3 millions de tonnes de CO2 par an (et d’économiser 50 dollars par an d’électricité). Par rapport à quoi ? Le rapport ne le précise pas. En tout cas, certainement pas par rapport à Windows 2000 ou XP et encore moins par rapport à Linux.
L’échec de Vista en entreprise est principalement du à la nécessité de renouveler les postes de travail à cause de la puissance – mémoire, CPU, carte graphique – demandée par le système d’exploitation pour fonctionner. Cette puissance (bi-coeurs, carte graphique véloce, etc.) se traduit inévitablement par :
– un renouvellement “forcé” des postes de travail, donc autant de déchets (DEEE) inutiles si l’on reste sous Windows XP et de ponction sur l’écosystème pour produire les nouvelles machines (double peine écologique),
– une consommation électrique accrue par rapport au poste de travail précédent : même Vista gère effectivement mieux sa consommation électrique, il demande plus de ressources pour écrire le même e-mail ou le même texte,
Aucun objectif de réduction des émissions de CO2
Enfin, autre aspect inquiétant du rapport, Microsoft ne donne aucun détail sur ses émissions de gaz à effet de serre (GES / GHG) : pas de volume des émissions de 2008, pas d’objectif de réduction, etc. Microsoft avait pourtant déclaré ses émissions de 2007 au Carbon Disclosure Project (voir la déclaration de Microsoft ici).
Responsable de la stratégie environnementale de Microsoft, Rob Bernard a juste expliqué sur son blog que l’entreprise vise une réduction de ses émissions de GES de 30% entre 2012 et 2007. Le billet publié à cette adresse n’est plus accessible. Pourquoi ? Mystère. Heureusement, vous pouvez y accéder via le cache de Google.
Bref, on s’attendait à des informations plus crédibles de la part d’une entreprise de cette taille… C’est bien dommage car j’ai rencontré des salariés de Microsoft France très actifs dans le domaine du Green IT. Mais ils semblent ramer à contre courant…