Objets connectés : un colossal effet rebond en perspective ?
Un tsunami d’objets connectés s’apprête à déferler dans notre vie quotidienne. Ils étaient 500 millions en 2003. Ils devraient être 50 à 75 milliards en 2020 [1]. Des brosses à dent en passant par les vaches, les chats et les chiens, les compteurs électriques, vélos et voitures, les champs, etc. : tout est désormais connectable, en permanence ou par intermittence.
Cette multiplication exponentielle du nombre d’objets connectés se traduira par une hausse tout aussi exponentielle des impacts environnementaux directs associés. Car il faudra bien fabriquer ces milliards de nouveaux objets et gérer leur fin de vie.
Leur utilisation va également induire de nombreux impacts environnementaux car le rôle de ces capteurs est d’acquérir des données sur le terrain. Et il y en aura beaucoup : de l’ordre de 400 ZettaBytes (ZB) d’ici 2018, soit environ 1 milliard de Terraoctets (To) par an. A titre de repère, une vache génère déjà 200 Mo de données par an [1] et un avion 40 To de données par vol. Ces données sont transmises à un centre de traitement qui les analyse en masse et en temps réel (Big Data) puis les renvoie à l’objet connecté qui affiche alors fièrement le résultat du traitement. Effet « magique » garanti !
Les objets connectés ne sont que la partie visible de l’iceberg
Si on réfléchit en unité fonctionnelle complète, par exemple « déclencher automatiquement l’arrosage d’une pelouse en tenant compte de l’hygrométrie du sol et des prévisions météo », il faut aussi inclure : le temps de calcul des serveurs de prévision météo, les serveurs auxquels l’objet est connecté qui constituent son cerveau, toute l’infrastructure réseau, etc. Ce sont donc des millions de serveurs, de kilomètres de câbles en cuivre et de fibres optiques, de box ADSL, etc. qu’il faut ajouter sur la balance. Autant d’équipements qu’il faut fabriquer, alimenter en électricité, refroidir, etc.
Si on considère l’ensemble du dispositif, les impacts environnementaux sont colossaux.
Aujourd’hui, la plupart des créateurs d’objets connectés ne prennent pas en compte l’environnement lors de leur conception. Parfois même lorsque ces objets sont censés réduire l’empreinte environnementale de l’humanité !
Assistons-nous aux prémices d’un gigantesque effet rebond [2] ? Si le risque est avéré, la démarche d’écoconception peut-elle nous en prémunir ? Quand le bénéfice apporté par les objets connectés s’arrête-t-il et quand l’effet rebond commence-t-il?
Votre avis et vos retours d’expérience nous intéressent (en commentaire).
[1] The Internet of Things : How the Next Evolution of the Internet Is Changing Everything, Dave Evans, Cisco, avril 2011, http://www.cisco.com/c/dam/en_us/about/ac79/docs/innov/IoT_IBSG_0411FINAL.pdf
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Jevons_paradox
Source : GreenIT.fr