Catégorie : Energie

Lumière artificielle : une pollution qui coûte cher

La lumière artificielle est aujourd’hui tellement présente que de nombreux organismes s’alarment de ses impacts sur l’environnement et sur la santé des êtres humains. Cette onde produite par les êtres humains n’a en effet rien de naturelle et ses effets à long terme semblent délétères.

Les avantages apportés par la lumière artificielle sont indéniables : sécurité, productivité, éducation, etc. Malheureusement, trop souvent utilisée avec excès, elle est également associée à la pollution lumineuse. Loin d’être un phénomène isolé, la pollution lumineuse est aujourd’hui globale. En 2001, une étude publiée par la Royal Astronomical Society (Londres), estimait que la pollution lumineuse impactait 19 % des terres émergées, 62 % de la surface des Etats-Unis et 85 % de la surface de l’Union Européenne (1).

Impacts environnementaux
Du point de vue écologique, le terme « pollution lumineuse » désigne la lumière artificielle qui dégrade les cycles de la lumière naturelle (cycle jour/nuit, photopériode et saisons), affecte la composante nocturne de l’environnement et, en conséquence, impacte les organismes vivants. Depuis les années 1980/1990, les études s’accumulent et indiquent que la pollution lumineuse peut modifier l’attrait des espèces animales pour un environnement donné (attraction/répulsion) et leurs capacités à s’y orienter (mésorientation/désorientation), modifier les comportements locomoteurs, alimentaires, reproducteurs et la communication des individus, altérer les équilibres et les compétitions interspécifiques et fragmenter les habitats (2, 3).

Impacts sanitaires
Du point de vue médical, le terme « pollution lumineuse » désigne la lumière artificielle qui supprime la production de mélatonine (hormone photosensible aux rôles multiples pour l’organisme), altère les rythmes biologiques et initie une réponse de stress chez l’être humain. Depuis les années 1970, là aussi les études s’accumulent et indiquent que la pollution lumineuse peut être à l’origine de nombreuses pathologies. Notamment, elle a été associée aux troubles du sommeil, aux dépressions, aux désordres métaboliques, aux troubles de la fonction reproductive, aux maladies cardiovasculaires et aux cancers hormono-dépendants (4, 5, 6).

Impacts économiques
Enfin, la pollution lumineuse implique des coûts énergétiques et financiers non négligeables. Aux Etats-Unis, le coût financier de la pollution lumineuse est estimé à 6,9 milliards de dollars par an et celle-ci génère chaque année 66 millions de tonnes de gaz à effet de serre (7). Or, Pour l’Agence Internationale de l’Energie, en terme d’éclairage public, il serait possible d’économiser à l’échelle mondiale 30 à 50 % de l’énergie consommée en appliquant une politique adaptée et en utilisant les technologies actuelles (8). En France, le parc d’éclairage public est composé de 9 millions de points lumineux, lesquels représentent 48 % de la consommation d’électricité des collectivités territoriales et 37% de la facture d’électricité des communes. Or, selon l’Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie, la moitié du parc d’éclairage public français est composé de matériels obsolètes et énergivores. En adoptant les mesures nécessaires, il serait possible de réduire de 30 % la consommation d’électricité dudit parc
(9).

A l’heure actuelle, il apparaît clairement que les rôles et les impacts de la lumière artificielle, qu’ils soient bénéfiques ou pervers, sont trop souvent méconnus du grand public, des institutions, voire même des professionnels de l’éclairage. La toute jeune entreprise Luminaris Conférences propose un cycle de conférences payantes, dédiées au sujet (conférences thématiques et conférences personnalisées). Disponible partout en France, ces conférences visent les entreprises, associations, écoles et institutions soucieuses d’acquérir et développer des connaissances relatives à la lumière et à ses effets. Elles sont animées par un doctorant du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris (MNHN) qui a déjà mené plusieurs missions d’expertises sur ce sujet.

Source : GreenIT.fr et Luminaris Conférences

Références :
(1) Cinzano P, Falchi F, Elvidge CD (2001) The first world atlas of the artificial night sky brightness. Monthly Notices of the Royal Astronomical Society 328: 689-707.
(2) Longcore T, Rich C (2004) Ecological light pollution. Frontiers in Ecology and the Environment 2: 191-198.
(3) Rich C, Longcore T (2006) Ecological consequences of artificial night lighting. Island Press, Washington D.C. pp. 1-13.
(4) Anisimov VN (2006) Light pollution, reproductive function and cancer risk. Neuroendocrinology Letters 27: 35-52.
(5) Navara KJ, Nelson RJ (2007) The dark side of light at night: physiological, epidemiological, and ecological consequences. Journal of Pineal Research 43: 215-224.
(6) Haim A, Portnov BA. (2013) Light pollution as a new risk factor for human breast and prostate cancers. Dordrecht: Springer Netherlands.
(7) Gallaway T, Olsen RN, Mitchell DM (2010) The economics of global light pollution. Ecological Economics 69: 658-665.
(8) International Energy Agency (2006) Light’s labour’s lost: policies for energy-efficient lighting. 1-558.
(9) Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie (2010) Éclairer Juste. ADEME édit.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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