Prix Pinocchio : élisez les cancres du développement durable
Six ans après la première édition, les Amis de la Terre France, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, lancent les Prix Pinocchio 2013 du développement durable viennent d’être lancés. Vous pouvez donc voter les entreprises françaises en totale contradiction avec le concept de développement durable, qu’elles utilisent pourtant abondamment.
Neuf entreprises sont nominées dans trois catégories :
Plus vert que vert
Prix décerné à l’entreprise ayant mené la campagne de communication la plus abusive et trompeuse au regard de ses activités réelles.
- Areva et son musée de la mine Urêka
- Air France et la compensation carbone à Madagascar
- BNP Paribas et la recherche contre changement climatique
Mains sales, poches pleines
Prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus opaque au niveau financier (corruption, évasion fiscale, etc.), en termes de lobbying, ou dans sa chaîne d’approvisionnement.
- Auchan et l’effondrement de l’usine du Rana Plaza au Bangladeshv
- Apple et la mine d’étain de Bangka en Indonésie
- Alstom et les grands barrages de Belo Monte et Rio Madeira au Brésil
Une pour tous, tout pour moi !
Prix décerné à l’entreprise ayant mené la politique la plus agressive en terme d’appropriation, de surexploitation ou de destruction des ressources naturelles.
- Total et les gaz de schiste en Argentine
- Veolia et la privatisation de l’eau en Inde
- Société Générale et la mine de charbon Alpha Coal en Australie
Apple : le ver est dans la mine
Apple est le seul acteur des TIC sélectionné cette année. Sa nomination fait suite aux révélations sur les impacts sociaux et environnementaux dramatiques de l’exploitation de l’étain de l’Ile Bangka en Indonésie. Apple, qui utilise pourtant ce métal pour ses smartphones, est le seul géant du high-tech à refuser de reconnaître son implication. Samsung, Philips, Nokia, Sony, RIM (BlackBerry), Motorola et LG ont reconnu leur responsabilité et se sont engagés à trouver des solutions pour mieux contrôler leur chaîne d’approvisionnement. La marque à la pomme refuse, elle, de dire si l’étain de ses iPhone vient de l’île Bangka.
La situation est pourtant simple : près de la moitié des approvisionnements mondiaux d’étain sont utilisés par le secteur de l’électronique pour faire des soudures, et 30 % de l’étain produit dans le monde vient d’Indonésie. La forte demande en métaux portée par l’engouement pour les produits high-tech favorise le développement d’exploitations illégales. L’exploitation minière sur l’île Bangka est responsable de la destruction de 65 % des forêts et plus de 70 % des récifs coralliens de l’île, ainsi que de la mort d’une soixante de mineurs en 2012. De plus, quinze rivières sont aujourd’hui contaminées par les déchets miniers et l’accès à l’eau potable est devenu un problème pour plus de la moitié de la population.
Les mines de Bangka ne sont pas un cas isolé. Pendant des années, l’exploitation du coltan, un des 40 métaux contenus dans nos téléphones, a en partie financé la guerre civile en République démocratique du Congo.
La faiblesse des taux de collecte et de recyclage de nos anciens appareils, la course à l’innovation, la démultiplication des produits à l’extrême (smartphone, phablet, tablette), tout comme la courte durée de vie des biens, poussent les constructeurs à prélever toujours de nouvelles ressources, et à fermer les yeux sur les conditions sociales et environnementales de leur extraction.
Quelques opérations greenwashing permettent de mieux passer sous silence les impacts dévastateurs de l’industrie high-tech qui est tout sauf « verte ».
La cérémonie publique de remise des Prix se déroulera le mardi 19 novembre 2013 à la Java, 105 rue du Faubourg du Temple, 75010 Paris:
Source : http://www.prix-pinocchio.org