Empreinte eau : le prochain indicateur
En février 2010, les principaux acteurs informatiques s’engageaient à mesurer leur empreinte carbone (ICT 4 EE du 23/02/10) en réponse à la recommandation de la Commission Européenne du 12/10/09. Dans le rapport ICT as enabler for smart water management, l’UIT-T voit dans la gestion de l’eau, un marché plein d’avenir pour ces mêmes entreprises. Mais tout en facilitant une gestion efficiente de l’eau, les entreprises informatiques ne devraient-elles pas mesurer leur propre empreinte eau ?
Les chiffres disponibles laissent supposer que cette industrie est beaucoup plus gourmande qu’on ne le pense et a donc un impact sur les ressources, la biodiversité et l’environnement plus important et négatif qu’il n’y paraît. La fabrication d’une puce électronique de 2 grammes nécessite en effet 16 000 fois sont poids en eau, soit 32 kg (WWF, 2011). Un autre rapport de l’OCDE et de l’ONU estime de son côté que la fabrication d’un PC et de l’écran associé nécessitent 1 500 litres d’eau.
Au delà de l’empreinte carbone, l’empreinte eau semble donc être un indicateur environnemental intéressant pour l’industrie high-tech. Il suffit de rapporter ces chiffres à la population française pour s’en convaincre. Un français consommant en moyenne 137 litres par jour (Veolia), pour les 40 millions de PC utilisés en France cela revient à 60 millions de m3 d’eau, soit la consommation annuelle d’un peu plus d’un million de personnes !
Et encore, ces chiffres correspondent uniquement à l’eau prélevée (empreinte eau bleue). Il faudrait y ajouter l’eau nécessaire à dépolluer l’eau restituée (l’empreinte eau grise) car, pour beaucoup de composants (passifs, actifs, coques en plastiques, éléments métalliques, …), l’eau restituée par les industriels comprend des additifs chimiques.
De même qu’en est-il de l’empreinte eau des serveurs ou des centres de traitement et de stockage (data center) comme ceux de Google ou de France Télécom ? On considère que les centres informatiques consomment environ 1,5 % de la facture électrique mondiale. Or, 6 à 7 litres d’eau sont nécessaires pour fabriquer chaque kilowattheure (kWh) consommé. Et la plupart des data centers utilisent des systèmes de refroidissement à air et / ou à eau (watercooling). Pour avoir une vue complète sur le cycle de vie d’un équipement électronique connecté, il faudrait donc ajouter cette empreinte eau d’usage.
Au final, à défaut de disposer d’une analyse de cycle de vie multicritères, l’ajout de l’empreinte eau aux équipements IT permettrait de donner une vision plus juste de leur empreinte écologique.
Qu’en pensez-vous ?