Le carbone : d’une contrainte à un facteur de progrès
« Le reporting, c’est important, mais la mesure, c’est la clé. Chacun doit s’y retrouver. Tout investissement pour réduire les émissions de CO2 doit être rentable » a déclaré Bruno Lafont, PDG du groupe Lafarge et Président d’EpE (Entreprises pour l’Environnement), en introduction d’une table ronde consacrée à la mesure et au pilotage des émissions de gaz à effet de serre. Le ton est donné.
Cet évènement a réuni une quinzaine de dirigeants de très grandes entreprises membres de l’association EpE (qui compte une quarantaine de grandes entreprises françaises), pour témoigner de leur engagement et apporter un retour d’expérience de leur démarche de lutte contre le changement climatique.
S’en dégage un certain nombre d’enseignements autour de cinq axes principaux :
• Les niveaux de maturité sont très disparates, ce qui s’explique facilement par le fait que la problématique est toute récente (même si certaines entreprises déclarent avoir entamé une démarche carbone depuis une dizaine d’années).
• L’approche sectorielle est primordiale, tant la cartographie et le volume des émissions diffèrent en fonction du secteur d’activité.
• La complexité du sujet apparaît clairement, au travers de la difficulté à parler le même language, à définir précisemment un périmètre de mesure et des objectifs de réduction, à effectuer des comparaisons ; le manque de transparence accentue cet effet.
• Des solutions innovantes émergent ici et là, mettant en évidence l’avantage concurrentiel que peuvent en retirer les pionniers du domaine.
• La question des outils de mesure et de reporting ne semble pas être au cœur des préoccupations des entreprises ; seulement quelques unes l’évoquent, chose surprenante lorsqu’il est question d’importants volumes de données à collecter et de pilotage.
Du côté de l’Ademe, on indique qu’il ne faut pas confondre méthode de comptabilisation des émissions des GES et outil de mesure. Et de préciser qu’« il existe des besoins différents, des cibles différentes, et des objectifs différents, et donc ça nécessitera des outils différents. L’outil unique est un mythe. » Ce qu’il faut surtout, c’est « progresser sur la cohérence, la transparence et la convergence des méthodes ».
Enfin, l’Ademe indique également abandonner la gestion de l’outil Bilan Carbone, qui sera repris par une association qui comprendra des professionnels de la mesure du carbone et des entreprises. Mais ne donne pas davantage de précisions, alors que l’on aurait souhaité en savoir un peu plus.
L’EpE a mis en ligne le guide « Mesurer et piloter ses émissions de gaz à effet de serre », qui fourmille d’exemples et de précieux retours d’expérience. Mais il constitue surtout une excellente synthèse des enjeux, des méthodologies (généralistes et sectorielles), des questions de périmètre, de l’élaboration des objectifs de réduction, sans oublier l’art et la manière de communiquer …
Source : http://www.greenadvisor.fr/actu/33-le-carbone–de-la-contrainte-a-un-facteur-de-progres-.php