Télécoms : 7,3% de la facture électrique française
Comme chaque année, toute l’industrie des télécoms s’est donné rendez-vous au DigiWorld Summit qui se tenait les 18 et 19 novembre derniers à Montpellier. J’ai eu la chance d’assister à la journée Green ICT Executive Seminar, la première conférence de la profession sur le thème du Green IT et des TIC durables. Avec 12 présentations sur une après-midi, ce fut un véritable marathon !
Un niveau de maturité très hétérogène
Premier constat, le niveau d’appréhension de la problématique est très variable selon les entreprises du secteurs des télécoms. Certaines sont clairement en avance comme Orange, SFR ou Ericsson, tandis que d’autres comme sont toujours dans une logique de greenwashing (Deutsche Telekom), ou carrément absente (Bouygues Telecom).
Peu de prise en compte des déchets
Deuxième constat, les acteurs des télécoms s’intéressent surtout aux économies d’énergie lors de la phase d’utilisation, qui se concrétisent par des économies financières. La plupart des personnes présentes dans la salle n’avait aucune idée de ce qu’est l’énergie grise… Pourtant, Viktor Arvidsson, responsable du développement d’Ericsson France, a présenté les résultats d’une étude d’analyse du cycle de vie réalisée en interne selon laquelle, sur 12 typologies, le CO2 est la principale pollution liée à la téléphonie mobile. Plus d’information ici. L’empreinte carbone d’un abonné à un service mobile est de 48 kg de CO2 par an pour le GSM et 28 kg de CO2 par an pour la 3G. Mais elle peut quadrupler dans les pays émergents à cause de la génération de l’électricité par groupe électrogène. D’où l’intérêt exprimé par Orange et Ericsson pour les stations de base alimentée par énergie solaire. Reste que selon Pierre Etienne Roinat, Président de MonExTel, seulement 3 à 8% des 20 millions de téléphones renouvelés chaque année en France sont recyclés. Le recyclage des téléphones mobiles est un sujet majeur car nous préparons une véritable bombe à retardement estime Marc Fossier, vice président et responsable RSE de France Telecom – Orange.
7,3% de la consommation électrique française
Julien Salanave, Managing Director Telecoms à l’IDATE, a présenté les résultats préliminaires d’une étude (Green ICT) commandée par la Fédération Française des Télécoms, Alliance TICs, et la Fédération des Industries Electriques, Electroniques et de Communication (FIEEC) qui sera publiée en janvier. Voici quelques résultats en avant première. L’étude de l’Idate ne s’intéresse qu’aux dépenses énergétiques et aux émissions de gaz à effet de serre (GES) liées. La consommation électrique des TICs a augmenté de 19% en 3 ans, passant de 6,2% de la facture électrique française en 2005 à 7,3% en 2008. Intervenant plus tard dans l’après-midi, Christian REIMSBACH-KOUNATZE, consultant OCDE estime de son côté que la consommation des TICs se situe plutôt autour de 15% de la facture électrique. Un chiffre proche de celui du rapport DETIC (13,5%). Nous avons donc désormais que les TICs consomment, en France, entre 7,3% et 15% de l’électricité d’un pays selon le périmètre retenu.
Les économies d’énergie ne compensent pas la hausse du taux d’équipement
Cette consommation d’énergie en hausse est directement lié au taux d’équipement des ménages (box internet, PC, téléphonie, etc.) qui a fait un bon de +40% entre 2005 et 2008. D’ici 2012, la part des TICs dans la facture électrique française passera à 8,5%, soit 11,8 TWh par an, malgré un gain une économie de 9,9 TWh la même année. Les efforts déployés pour réduire la consommation d’énergie ne compensent donc pas l’augmentation des usages. Les réseaux et terminaux mobiles, les box internet, et réseaux téléphoniques fixes constituent, par ordre décroissant, les principaux consommateurs d’énergie des télécoms. Selon Ramesh Vasudevan, Head of network architecture chez SFR, le poids des réseaux mobiles va augmenter avec le développement du trafic liés aux données.
L’empreinte carbone des télécoms liées aux sources d’énergie primaires
Comme l’a rappelé Marc Fossier, Executive Vice President, Chief Corporate Social Responsibility Officer France Telecom – Orange, “35% de notre empreinte carbone est en Pologne. Donc notre empreinte est largement liée à la source primaire de production des kWh électrique que nous consommons ». Ce qui soulève inévitablement l’effet du transfert des émissions de CO2 vers des déchets radioactifs.
Les TIC pourraient contribuer à réduire les émissions françaises de GES d’un tiers
Au delà de l’empreinte écologique des télécoms (Green IT 1.0 – Green for ICT), les différents orateurs ont également insisté sur l’effet de levier positif des TICs (Green IT 2.0 – ICT for Green). Selon l’idate, les TIC pourraient contribuer à réaliser 1/3 des réductions d’émissions de GES fixées par le gouvernement à l’horizon 2020. Les sujets les plus souvent évoqués étaient les réseaux intelligents (smart grid et smart meter) qui permettront de :
– réduire les émissions fortement carbonées des centrales électriques fonctionnant en heure de pointe. Ces centrales fonctionnent au charbon ou au fioul. Il faut donc réduire prioritairement les pics de consommation en adaptant plus intelligemment l’offre à la demande.
– éviter des millions de kilomètres parcourus grâce à la télé-relève.
Vice président développement durable de France Telecom – Orange, Denis Guibard a rappelé que 68% de la population mondiale vivra dans les villes en 2050 qui seront responsables de 80% des émissions de GES. Traiter le périmètre de la ville revient donc à régler une bonne partie du problème tant au niveau du CO2 que déchets et des problématiques sociales. Pour lui, l’enjeu est de connecter les solutions existantes, comme c’est déjà le cas à Cagnes sur Mer. Directeur marketing de Coronis, Christophe Dugas a présenté la technologie Wavenis, un module de communication qui permet d’équiper les compteurs pour les rendre plus intelligents (smart meter).
Enfin, concernant les déplacements, Olivier de Broissia, président de Modulauto a montré que sans les TIC, il est impossible de proposer des services d’auto-partage efficaces. Et Pastora Valero (Cisco), a rappelé que le moyen le plus efficace pour éviter d’émettre du CO2, reste encore d’éviter les déplacements grâce à la téléprésence.
Merci à Ericsson France, et plus particulièrement Olivier Cimelière, de m’avoir invité à suivre cet évènement.