Green Grid : un point complet avec André Rouyer
J’ai rencontré cette semaine André Rouyer, standardization & environment director d’APC-MGE Schneider Electric. C’est l’un des représentants en Europe du Green Grid. Il pilote notamment le groupe de travail “data collection and analysis” du Green Grid Europe et a participé à la mise au point du code de bonne conduite des data centers en collaboration avec la commission européenne. L’occasion de faire un point complet sur l’avancement des travaux du consortium.
Pouvez-vous nous résumer le rôle de la branche européenne du Green Grid ?
A.R. : Nous poursuivons les mêmes objectifs que le consortium aux Etats-Unis : sensibiliser les acteurs des centres informatiques et leur donner des outils pour abaisser leur consommation électrique. Plus de 90% des gestionnaires de data center ne savent toujours pas ce qu’ils consomment. Pour réduire la consommation électrique, il faut commencer par mesurer.
Comment cela se traduit-il concrètement en Europe ?
A.R. : En Europe le marché et les besoins sont plus fragmentés qu’aux USA. Nous avons donc créé deux comités. Le premier se charge de communication. Le second, “data collection and analysis” travaille sur les spécificités du marché européen. Il s’agit d’adapter les propositions venant des Etats-Unis, mais aussi de faire remonter nos spécificités pour qu’elles soient intégrées dans les préconisations du Green Grid.
La France et l’Europe possèdent leurs propres programmes. Comment vous positionnez-vous par rapport à eux ?
A.R. : Nous travaillons directement avec les différences instances politiques pour essayer d’harmoniser nos travaux. L’harmonisation est une préoccupation majeure du Green Grid. C’est le cas par exemple pour le code de bonne conduite des data centers. Mais nous participons aussi au groupe de travail “Green IT” créé par le gouvernement pour qui nous rendrons des préconisations au mois de mai.
Revenons au Green Grid. Sur quels projets travaillez-vous ?
A.R. : Notre premier objectif reste de faciliter des mesures standards. PUE et DCiE sont deux indicateurs bien pris en compte. Pour s’assurer que tous les data centers mesurent bien la même chose dans les mêmes conditions, nous publierons bientôt (d’ici quelques semaines) un white paper sur ce sujet. Un guide sur la conception des salles informatiques et un autre, plus spécifique “power & cooling” seront disponibles au printemps. Et nous continuons à travailler avec les agences gouvernementales en Europe et aux USA. Nous préparons par exemple un éco-label pour les centres informatiques (serveurs uniquement) en collaboration avec l’EPA.
De nouveaux indicateurs en perspective ?
A..R : Oui. Nos travaux portent sur un indicateur du type transaction / DCIE ou PUE. L’idée est de rapporter ces données (le PUE) à une unité informatique disponible. Combien une transaction me coûte-t-elle en Watts, mais aussi en émissions de carbone ? Nous avons travaillé également sur un indicateur plus global pour le centre informatique qui prendrait en compte le taux d’utilisation des serveurs, des réseaux, du stockage, la place occupée par le matériel, etc.
Et si l’on se projette dans plusieurs années ?
A.R. : A terme, nous seront obligés de fournir une analyse de l’empreinte carbone de nos matériels et des data centers. C’est un exercice difficile, mais nous ne pourrons pas y échapper. Le rêve de la communauté européenne est d’arriver à un éco-label pour les data centers qui prenne en compte l’empreinte environnementale globale : énergie grise, recyclage, bilan carbone, etc.
Green Grid n’aborde pas, pour l’instant, les pollutions liées aux data centers.
A.R. : Effectivement. Mais nous y seront contraints à terme sous la pression de la commission. Nous sommes en avance sur ces sujets en Europe : REACH, WEEE, RoHS, etc. Une récente directive batteries en lien étroit avec WEEE prévoit par exemple qu’en 2015, 60% des matières utilisées dans un produit soient recyclées. Je vois très bien, à terme, l’Europe influencer cette partie tandis que la branche américaine de Green Grid harmonisera ces directives avec les acteurs en Amérique du nord tout en continuant à travailler sur le “use”.