#SERD : 3 gestes clés pour réduire mes déchets numériques
Alors que le taux de collecte de déchets d’équipement électrique et électronique plafonne, il est urgent de réparer et réemployer nos appareils numériques.
En résumé :
- Nous produisons toujours plus de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), de l’ordre de 20 kg par an et par habitant ;
- Nous produisons des déchets numériques plus vite que nous ne les collectons et recyclons ;
- Le taux de collecte de DEEE plafonne à 45 %, loin des 65 % exigés par Bruxelles pour 2019 ;
- Trois gestes clés permettent de réduire nos déchets numériques : éviter de se suréquiper, réparer et réemployer, bien faire le tri entre appareils fonctionnel et déchet.
Chacun de nous produit environ 600 kg de déchets par an, soit environ 10 fois notre poids. Une grande partie de ces déchets peut être réutilisée, valorisée ou recyclée. Du 16 au 24 novembre 2019, c’est la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD) . L’occasion d’en apprendre plus sur nos déchets numériques et de passer à l’action.
10 nouveaux produits électroniques neufs par an et par habitant !
En 2017, 835 millions d’équipements électriques et électroniques (EEE) neufs ont été commercialisés [1], soit plus de 10 équipements par habitant, pour un poids total de 1 880 000 tonnes. Si on cumule les catégories 3 (équipements informatiques et de télécommunications) et 4 (écrans) qui regroupent les équipements numériques, ces derniers sont les plus vendus en quantité (30 % de tous les appareils) en France.
Du fait d’une durée de vie trop courte, ces équipements deviennent rapidement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Avec plus de 21 kg par an et par habitant en 2016 [2], un français produit 30 % de DEEE en plus par an qu’un européen moyen.
Le taux de collecte de nos déchets plafonne à 45 %
Mais c’est surtout la progression du taux de collecte qui doit nous inquiéter et motiver à agir. Après plusieurs années de progrès notables, le taux de collecte plafonne désormais autour de 45 % selon les derniers chiffres officiels (45,2 % en 2016 et 45,1 % en 2017) [1]. On est loin de l’objectif fixé par Bruxelles pour 2019 : 65 % du poids moyen des EEE mis sur le marché les trois dernières années ou à 85 % des DEEE produits en poids.
3 gestes clés pour agir, maintenant
Une seule solution pour progresser : agir, maintenant. On ne le répétera jamais assez : c’est le taux d’équipement par personne multiplié par la durée de vie qui induit la quantité de déchets électroniques que nous produisons chaque année.
Comme c’est la fabrication – et notamment l’extraction des minerais et leur transformation en composants électroniques – qui concentre les impacts environnementaux, la clé c’est de fabriquer moins d’équipements et de les utiliser plus longtemps. D’autant que le second poste d’impact est la fin de vie, car 70 % des déchets électroniques dans le monde font l’objet d’un trafic [3].
Pour y parvenir, il faut :
- Moins s’équiper
- Allonger au maximum la durée de vie de nos appareils (réparation, réemploi)
- Bien collecter les déchets en fin de vie
Prévention : moins s’équiper. Comme le montre les chiffres de l’Ademe, chaque français.e achète près de 10 EEE neufs chaque année ! Si bien que selon nos calculs à partir de données Insee [4], le taux d’équipement des ménages en produits numériques a été multiplié par 10 entre 1995 et 2017. L’Insee note d’ailleurs une forte accélération ces dernières années avec l’apparition de petits appareils mobiles (smartphones, consoles de jeu portable, objets connectés). L’enjeu numéro 1 est donc de ne pas se suréquiper et de préférer des modèles économiques alternatifs : emprunt, location, partage, mutualisation des usages, etc. Ces approches fonctionnent très bien et permettent de limiter votre taux d’équipement personnel, donc de réduire vos déchets électroniques.
Allongement la durée de vie : réparer et réemployer. La durée de vie moyenne d’un ordinateur est passée de 10,7 ans au début des années 80 à entre 3 et 6 ans aujourd’hui. Cette régression s’explique à la fois par le phénomène d’obésiciel (contre lequel le droit doit protéger les consommateurs), mais aussi parce qu’on répare de moins en moins. Heureusement, un indice de réparabilité distinguera dès le 1er janvier 2021 les smartphones et les ordinateurs les plus faciles à réparer. Sans attendre cette échéance, vous pouvez aussi favoriser le réemploi d’un équipement reconditionné. Le réemploi est le geste le plus efficace car il donne une seconde vie à un équipement qui allait devenir un déchet. Il s’agit à la fois de favoriser le réemploi de ses appareils en les donnant ou les vendant à des reconditionneurs, mais aussi d’en réemployer soi-même, soit d’occasion, soit reconditionnés (c’est-à-dire remis en état).
Recyclage : mieux collecter. L’un des enjeux majeurs pour réduire la quantité de déchets électroniques est de ne pas transformer des équipements encore fonctionnels en déchets. Or, la collecte est actuellement gérée par des éco-organismes spécialistes des déchets.
- Si votre appareil fonctionne encore ou peut être réparé, il faut sortir du processus de collecte traditionnel (bacs en entrée de supermarchés, déchetteries, etc.) et vous adresser directement à des acteurs de la réparation (annuaire) ou du reconditionnement (site de la fédération Rcube.org).
- En revanche, si votre appareil ne fonctionne plus ou ne peut pas être réparé, il faut absolument le rapporter en déchetterie, dans les bacs de collecte d’Eco-Systèmes, et même directement dans la boutique d’un opérateur télécoms s’il s’agit de petits équipements tels que des téléphones, smartphones, etc. Vous pouvez trouver un point de collecte ici et là.
En nous équipant moins et en allongeant la durée de vie (réparation, réemploi), nous pouvons diviser par deux le nombre de nos appareils numériques en moins de 5 ans. Chiche !
Vocabulaire
- EEE : équipement électrique et électronique
- DEEE : déchet d’équipement électrique et électronique
- Catégories 3 et 4 : ces anciennes catégories regroupent les équipements numériques. Elles ont été remplacées par les catégories 2 (écrans) et 6 (Petits équipements informatiques et de télécommunications)
Chiffres clés
- 10 nouveaux EEE neufs par an et par habitant
- 10x notre poids : c’est notre production annuelle de déchets
- 21 kg de DEEE produits par an et par habitant, soit 30 % de plus que la moyenne européenne
- 45 % de DEEE sont collectés
- 36 % du volume mis sur le marché est recyclé
Liens utiles
- S’engager et militer : https://www.halteobsolescence.org/
- Trouver un produit durable : https://www.produitsdurables.fr/
- Réparer : https://www.annuaire-reparation.fr/
- Rapporter ses déchets : https://www.ecosystem.eco/fr/recherche-point-de-collecte et https://www.ecologic-france.com/citoyens/ou-deposer-mes-dechets.html
Source : GreenIT.fr
[1] Ademe, Registre DEEE, Rapport Annuel 2018 sur les données 2017, 2018, https://www.ademe.fr/resource-archive/270929
[2] ITU, Global e-waste monitor, 2017, https://www.itu.int/en/ITU-D/Climate-Change/Pages/Global-E-waste-Monitor-2017.aspx
[3] CWIT, Rapport 2018, https://www.cwitproject.eu/
[4] Insee, Des appareils électroniques aux services en ligne : une diffusion massive des nouvelles technologies en 30 ans, 2019, https://www.insee.fr/fr/statistiques/4193175
[5] WWF France, Guide pour un système d’information éco-responsable, 2011, https://www.greenit.fr/2011/04/20/wwf-guide-pour-un-systeme-d-information-eco-responsable/