8 août : jour du dépassement
Selon le Global Footprint Network, l’humanité vit à crédit depuis le 8 août.
Autrement dit, nous avons épuisé la capacité de l’écosystème terrestre à nous fournir des services aussi vitaux que de l’eau potable ou un air de bonne qualité. Nous avons tellement puisé dans les stocks de nourriture, qu’ils ne peuvent plus se reconstituer durablement. Sans parler des ressources naturelles abiotiques (non renouvelable) : énergie, matières premières, etc.
Nous nous endettons moins vite
A l’échelle mondiale, ce jour du dépassement – earth overshoot day en anglais – progresse inexorablement. Au début des années 60, la capacité de la terre était supérieure à la demande de l’humanité. C’est en 1971 que la tendance c’est inversée (24 décembre en 1971).
Le jour du dépassement a ensuite progressé assez lentement jusqu’au milieu des années 80 (1er novembre en 1986) avant d’accélérer plus fortement jusqu’au milieu des années 2000 (24 août en 2006). Depuis, crise économique oblige, il progresse plus lentement.
Trois planètes nécessaires
Résultat : il faut 1,6 écosystème terrestre pour couvrir les besoins de l’humanité. Evidemment, la terre ne fait pas crédit. D’où les dysfonctionnements – dérèglement climatique et autres catastrophes associées – qui font désormais la une de la presse et des journaux télévisés quasi quotidiennement.
A l’échelle mondiale, les émissions de gaz à effet de serre représentent désormais 60 % de l’empreinte écologique de l’humanité. Ces émissions ont doublé depuis le début des années 70. La progression des surfaces cultivées et des zones urbanisées ainsi que la consommation toujours plus importantes de ressources expliquent également l’accroissement de l’empreinte mondiale.
Si tous les terriens vivaient comme les français, 3 planètes seraient déjà nécessaires. Il y a pire cependant. Si toutes l’humanité vivait comme l’Australie, il faudrait 5,4 planètes et comme les USA 4,8 planètes. Heureusement, les pays en voie de développement compensent notre frénésie de consommation. Si l’humanité vivait comme l’Inde, il ne faudrait que 0,7 planète.
La France parmi les pays développés les moins pires
En valeur absolue, c’est le Luxembourg qui explose les compteurs avec 15,8 hectares globaux nécessaires par individu. Il est suivi par l’Australie (9,3 hg) et les USA (8,2 hg). La France arrive en 28ème position avec 5,1 hg. Tout en bas du classement, les pays les moins impactant sont l’Erythrée (0,4 hg), Haïti (0,6 hg), et l’Afghanistan (0,8 hg). Pour rappel, on dispose en moyenne de 1,8 hg par terrien.
Cependant, l’empreinte écologique est surtout intéressante en valeur relative. Elle permet alors de comprendre l’intensité par pays en rapportant l’empreinte par individu (nombre d’hectares globaux) à la superficie / capacité du pays. Ainsi, les coréens consomment 8 fois la capacité de leur pays, les Suisses 4,4 fois, les chinois 3,6 fois, les américains 2,2 fois et les français 1,7 fois.
Réduire nos émissions de gaz à effet de serre et notre consommation d’eau
Les émissions de gaz à effet de serre comptent pour plus de la moitié (53 %) de l’empreinte écologique totale de la France. C’est un poste de préoccupation majeur. D’autant que le calcule de l’empreinte écologique s’appuie sur les rapports officiels qui utilisent le protocole de Kyoto. Or, ce dernier ne prend pas en compte nos émissions importées (liées à la fabrications des biens que nous importons) qui représentent plus de 40 % du bilan global de la France.
L’eau est un autre sujet de préoccupation majeur en France. Un français consomme environ 520 m3 d’eau par an. 61 % des ressources en eau bleue de la France sont utilisées pour refroidir nos centrales électriques (surtout nucléaires), 11 % pour l’irrigation et 9 % par l’industrie. Le reste est essentiellement consommé chez nous lorsque nous nous lavons et tirons la chasse d’eau. Pour réduire notre empreinte écologique, nous devons donc surtout limiter notre consommation électrique directe, consommer des aliments nécessitant peu d’eau pour pousser et réduire notre consommation de biens manufacturés. Car, comme pour les gaz à effet de serre, notre bilan eau ne tient pas compte de l’eau virtuelle importée (nécessaire à la fabrication de nos importations).
Quelle est l’empreinte écologique du numérique ?
Une étude publiée fin 2014 estime qu’il faut en moyenne 764 m2 (soit 0,0764 hg) pour fabriquer un ordinateur et 32 m2 (soit 0,0032 hg) pour fabriquer un téléphone portable.
En considérant qu’un cadre supérieur possède un ordinateur portable, un écran additionnel, un smartphone, une tablette, une box, et une télévision, son empreinte électronique directe est de l’ordre de 0,3 hg, soit 15 à 20 % de la bio-capacité moyenne disponible par individu. Si on ajoute toute l’infrastructure nécessaire au fonctionnement de ces terminaux – réseau opérateur, serveurs, centres de données, etc. – ainsi que l’énergie consommée sur la phase d’utilisation, on atteint rapidement 0,6 hg, soit 33 % de la bio-capacité moyenne disponible. C’est aussi l’empreinte écologique annuelle d’un haïtien.
Sources : GreenIT.fr, Global Footprint Network, Banque Mondiale, EauFrance