Une appli éco-conçue pour favoriser les circuits-courts
Un groupement d’intermarchés travaille avec les producteurs de fruits et légumes locaux grâce à une application éco-conçue par un membre du Collectif Conception Numérique Responsable.
Une heure. C’est le temps qu’ont les gestionnaires du rayon fruits et légumes pour passer toutes leurs commandes pour le lendemain, en fonction des ventes de la journée et des besoins réels. Les centrales d’achat agrègent les offres des producteurs pour simplifier la vie des acheteurs des supermarchés. Mais elles ne permettent pas aux supermarchés de travailler en circuits-courts.
Un groupement d’indépendants auvergnats appartenant à l’enseigne Intermarché a décidé de créer une application qui met directement en relation les intermarchés avec les producteurs locaux.
L’outil organise la répartition, la logistique et les commandes, de façon totalement automatisée. L’objectif est de bénéficier des avantages d’une centrale d’achat, mais en échangeant directement avec les producteurs locaux.
Chargée de la conception et de la réalisation, Scopika, membre du collectif Conception Numérique Responsable, ne s’est pas contenté de concevoir le projet de façon traditionnelle. Compte tenu du sujet, son écoconception était incontournable.
Acte 1 : Ne pas répondre au cahier des charges
Après plusieurs « modèles » imaginés, au final assez éloignés des premières intentions, les consultants et les décideurs ont validé un processus métier (“use case“) prenant en compte les contraintes de tous les acteurs, leurs idées, et une volonté d’éco-concevoir l’application.
L’acte 1 ne commence pas par des lignes de codes. Mais par des réunions collaboratives entre les décideurs et les consultants. La détermination des besoins est d’abord passée par un échange de connaissances pour connaître d’une part les attentes du terrain, les flux actuels, les acteurs à mobiliser, les changements à opérer en face de chaque idée et le niveau de difficulté des solutions envisagées. La plus grande difficulté a été de ne pas « répondre » à un cahier des charges, mais de co-inventer un processus métier complet, qui limite au maximum l’impact environnemental.
Autant certaines contraintes étaient imposées, autant la conception de cette application a très vite montré que l’outil devait aussi s’appuyer *sur des changements logistiques en réinventant par exemple un principe de collecte des différentes productions*. Les consultants de Scopika ont ainsi rencontré tous les acteurs de la chaîne en plus des décideurs : les producteurs, les transporteurs.
Acte 2 : Alléger l’interface, c’est parfois… la supprimer
Un outil de conception d’expérience utilisateur à base vectorielle (Adobe XD) a été utilisé pour l’ensemble des versions de l’outil (15 au total).
Les tests utilisateurs ont permis , entre autre, de passer de trois interfaces à deux :
- *une interface maraîchers*, simplifiée à l’extrême qui permet de donner l’information : “J’ai produit cela aujourd’hui”. Les consultants ont fait le choix de limiter l’application et ne proposer que les choix possibles au lieu de mettre des fonctions superflues avec des explications, des avertissements, des boutons inutiles.
- *une interface intermarché.* Cette dernière est intéressante puisqu’elle a montré la tendance des interfaces à s’enrichir des multiples idées utilisateurs (les fameux « ça serait pas mal si »). Les modèles sont passés de 10 à 20 écrans différents, pour finir à 8 une fois les « faux utiles » éliminés.
L’interface transporteur à quant à elle été pensée, puis… éliminée totalement. L’agence a décidé de produire des fichiers TXT compatibles avec leur système d’information. Fin de l’interface. Sur ce dernier volet, c’est le système qui répartit intelligemment la production des producteurs en prenant en compte à la fois la proximité selon les trois axes : intermarchés, producteurs, transporteurs.
Acte 3 : Un déploiement simplifié
Après un développement sur mesure « à l’ancienne », réalisé par l’équipe de Scopika. Les phases de recette et de déploiement ont été très rapides. Concernant la recette, quasi immédiate, la plupart des problèmes potentiels avaient été levés dans les phases précédentes de conception.
Acte 4 : le bilan au regard de l’eco-conception
Le collectif de conception – formé par les consultants de Scopika, les responsables d’Intermarché, les utilisateurs et les logisticiens – a contribué à limiter les impacts environnementaux avant même de toucher une ligne de code.
Il a suivi plusieurs approches : recentrer en permanence l’application sur les actes métiers clés, décharger l’application des « fausses-bonnes idées » (en moyenne 70 % des idées utilisateurs ne sont jamais utilisées), positionner les contraintes environnementales au cœur de la conception, etc.
Au final, le résultat est un logiciel sobre, qui favorise les circuits-courts, tout en limitant au sein de ces circuits courts le transport grâce à une optimisation par les algorithmes des flux.
L’impact de la sobriété, tant fonctionnelle que technique, est directement perceptible sur les outils de mesure : toutes les URL de l’application obtiennent le score A à l’EcoIndex. Avant même la mise en œuvre de toutes les bonnes pratiques techniques recensées dans le référentiel du collectif Conception Numérique Responsable.