#BatteryGate : Apple condamné en Italie
Equivalent de la DGCCRF en France, l’autorité italienne de la concurrence (AGCM) vient de condamner Apple à une amende de 5 millions d’euros pour pratiques commerciales déloyales en violation des articles 20, 21, 22 et 24 du code de la consommation.
L’AGCM reproche notamment à Apple d’avoir volontairement ralenti ses smartphones via une mise à jour logicielle (iOS 10.2.1) entre février et décembre 2017, sans en avertir préalablement les utilisateurs. Ce qui a déclenché le #BatteryGate que nous avions couvert pour vous .
Dans le cas de Samsung, également condamné à 5 millions d’euros d’amende, l’AGCM dénonce l’insistance avec laquelle le fabricant coréen a poussé les utilisateurs du Galaxy Note 4 à migrer vers une version trop lourde, la version Marshmallow d’Android, qui a entraîné des ralentissements dénaturant la fonction du produit original. Une surcharge pondérale que Samsung ne pouvait pas ne pas connaître.
« Des mises à jour logicielles (…) ont provoqué des dysfonctionnements majeurs et réduit significativement les performances, accélérant ainsi le renouvellement par des produits plus récents » explique l’AGCM en ajoutant que les utilisateurs n’avaient aucun moyen « de restaurer la fonctionnalité initiale des produits »
Première condamnation mondiale pour ralentissement logiciel intentionel
« Ces sanctions contre l’obsolescence programmée prononcées par l’autorité de la concurrence italienne sont inédites. Elles constituent une avancée encourageante pour les consommateurs et pour l’environnement, et doivent servir d’exemple à d’autres pays pour se saisir de cet enjeu et mettre fin à ces pratiques déplorables », a déclaré Laetitia Vasseur, Co-fondatrice et Déléguée Générale de HOP.
L’AGCM dénonce trois mécanismes techniques liés et qui visent à accélérer artificiellement l’obsolescence d’un matériel :
- dans le cas de Samsung le ralentissement d’un équipement électronique via une mise à jour logicielle trop lourde (obésiciel) sans en avertir l’utilisateur ;
- dans le cas d’Apple le ralentissement intentionnel du smartphone par une mise à jour ;
- et enfin dans le cas de Samsung et d’Apple, l’impossibilité pour l’utilisateur de revenir à la situation initiale (réversibilité) d’avant la mise à jour.
GreenIT.fr dénonce le recourt aux obésiciels (ou bloatware en anglais) depuis près de 10 ans. Notre étude menée en 2009 par Frédéric Lohier et publiée en 2010 sous le titre évocateur « Logiciel : la clé de l’obsolescence programmée du matériel informatique » a contribué à lancer le mouvement de l’écoconception de service numérique, porté en France par le Collectif conception numérique responsable.
Les deux entreprises ont la possibilité de faire appel.
Merci à Vincent Courboulay pour l’alerte.
Source : http://en.agcm.it/en/media/detail?id=385e274c-8dc3-4911-9b8c-9771c854193a&parent=Press%20Releases&parentUrl=/en/media/press-releases , http://www.agcm.it/dotcmsdoc/allegati-news/PS11039_scorr_sanzDich_rett_va.pdf, et http://www.agcm.it/dotcmsdoc/allegati-news/PS11009_scorr_sanz_omi_dichrett.pdf, et https://www.halteobsolescence.org/communique-de-presse-hop-salue-des-sanctions-inedites-contre-lobsolescence-programmee-en-italie/