Catégorie : Energie

La transition numérique fera-t-elle exploser notre consommation d’énergie ?

Transition numérique et énergie. Après un premier article, un brin provocateur , pour dénoncer certains chiffres alarmistes qui refont surface, nous vous proposons une estimation plus réaliste de la consommation électrique du numérique aujourd’hui et dans les années à venir, en France. Cette estimation est une synthèse de l’étude publiée récemment par l’association négaWatt sur decrypterlenergie.org. Un travail sérieux et qui fera certainement référence.

En bref, négaWatt estime que le développement du numérique ses 15 prochaines années aura un impact modéré sur la consommation électrique du pays.

56 TWh en 2015

En 2015, en France, le numérique a consommé environ 56 TWh d’électricité sur un total de 476 TWh, soit environ 12 % de la consommation électrique du pays. Selon nos calculs, l’électricité constituant environ 25 % de l’énergie finale en France , le numérique représente aujourd’hui environ 3 % de la consommation d’énergie finale du pays.

Elle se répartit de la façon suivante :

  • 43 TWh (76 %) pour les terminaux utilisateurs (50 % particuliers et 50 % professionnels) ;
  • 3,5 TWh (6 %) pour le coeur de réseau[1] ;
  • 10 TWh (18 %) pour les centres informatiques.

Comme nous le répétons depuis près de 15 ans sur GreenIT.fr, les centres informatiques (data center) ne sont pas les ogres énergivores décrits par les médias.  Et il est urgent de prêter attention au réseau (dont la consommation électrique augmente d’année en année) et surtout à la durée de vie des terminaux utilisateurs.

+25 % d’ici 2030

En terme de dynamique, négaWatt estime que la consommation électrique du numérique augmentera certainement de l’ordre de +25 % d’ici 2030, soit environ 15 TWh supplémentaires pour atteindre 15 % de la consommation nationale actuelle (mais moins si on se réfère à la consommation électrique de 2030).

Conformément à ce que nous constatons depuis plusieurs années dans nos bilans énergétiques, négaWatt estime que c’est la consommation électrique du réseau qui augmentera le plus dans 15 ans à venir, de l’ordre de +10 % par an. C’est tout à fait logique quand on sait que la 4G consomme 23 fois plus d’énergie qu’une connexion ADSL et que des centaines de millions d’objets connectés supplémentaires utiliseront la 4G et la 5G pour communiquer.

Les besoins en m2 de centre informatique devraient également croître de l’ordre de +8 % par an mais la consommation électrique globale baisser de -4 % par an. Logique puisque cette industrie met en oeuvre des bonnes pratiques d’efficience énergétique (confinement, free-cooling, etc.) depuis plus de 10 ans.

Globalement, malgré une augmentation du taux d’équipement des ménages, notamment en terminaux légers de type tablettes et en objets connectés, la consommation électrique globale de ces terminaux ne devrait pas augmenter significativement.

Et l’énergie grise ?

Evidemment, à mesure que l’efficience énergétique des équipements s’améliore, la part de l’énergie grise [2] augmente d’autant dans le bilan final. Rappelons que selon la loi de Koomey, l’efficience énergétique des équipements double tous les 2 ans.

Aujourd’hui, l’énergie grise constitue souvent l’essentiel du bilan énergétique d’un équipement utilisateur. Un constat largement partagé dans la communauté scientifique.

En plus de la consommation électrique du réseau, et notamment des box et des connexions 4 et 5G, c’est donc surtout sur l’allongement de la durée de vie des équipements qu’il faut focaliser notre attention. Utiliser plus longtemps un équipement avant de le remplacer devient le geste le plus efficace pour réduire son bilan énergétique global sur son cycle de vie. Le réemploi et la réparation ont un bel avenir devant eux !

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[1] les box DSL et fibre sont comptabilisées avec les terminaux utilisateurs. C’est un choix méthodologique que nous avions failli faire en 2015 pour notre analyse de cycle de vie (ACV) simplifié de l’internet mondial mais que nous avons préféré abandonné car les box représentent l’essentiel de la consommation électrique du réseau
https://www.greenit.fr/2017/08/09/cloud-cest-dernier-kilometre-coute-plus/. Si les box étaient comptabilisées dans le réseau, on aurait donc un poids du réseau supérieur à celui des centres informatiques mais toujours largement inférieur aux terminaux utilisateurs.

[2]  L’énergie grise est l’énergie utilisée pour fabriquer les équipements, notamment, lors de l’extraction des minerais et de leur transformation en composants électroniques (puce, dalle TFT, etc.).

Source : GreenIT.fr avec http://decrypterlenergie.org/la-revolution-numerique-fera-t-elle-exploser-nos-consommations-denergie

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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