Reeeboot : 1 500 emplois faciles à créer en France
Si les entreprises françaises privilégiaient le réemploi de leurs ordinateurs plutôt que leur recyclage (récupération des matériaux), la France pourrait créer facilement 1 500 emplois non délocalisables tout en économisant chaque année l’émission de 810 000 tonnes de gaz à effet de serre et 6 milliards de litres d’eau, l’équivalent de l’empreinte annuelle de 100 000 français.
C’est, en substance, le message porté par les 8 experts [1] réunis par le Club Green IT dans les locaux d’IT-CE (groupe BPCE) le 15 novembre dernier.
Alors que tout le monde parle d’économie circulaire, il s’agit ni plus ni moins que de favoriser le réemploi des ordinateurs et autres équipements électroniques d’occasion.
Présentée dans le cadre de la Semaine Européenne de Réduction des Déchets (SERD), l’étude « Reeeboot » (PDF) estime le potentiel de réduction d’impacts environnementaux et de création d’emploi de la démarche de réemploi des équipements électroniques.
Réemploi : doubler la durée de vie des équipements
Le Benchmark Numérique Responsable 2016 du Club Green IT montre que les grandes organisations n’ont pas encore adopté le réemploi comme une pratique phare de leur politique Green IT. Les termes « première vie », « seconde vie », « réemploi », et « reconditionnement » sont absents des radars. On leur préfère le terme de « recyclage », sous entendu : destruction pour récupération de certains matériaux.
« Il est pourtant possible de réemployer massivement, nous l’avons fait à hauteur de 70 % des équipements sortant de notre parc en 2015, » précise Jean-Christophe Chaussat, responsable développement durable au sein de la DSI de Pôle Emploi.
Le réemploi des équipements informatiques et de télécommunication est un geste fondamental pour réduire les impacts environnementaux associés à leur fabrication. A chaque fois que l’on double la durée de vie d’un ordinateur, on évite la fabrication d’un nouvel ordinateur. On évite ainsi l’émission de 473 kg de gaz à effet de serre et la consommation de 3 508 d’eau douce.
Créer 1 500 emplois non délocalisables
Le réemploi est aussi une démarche vertueuse en terme de création d’emplois non délocalisables. Qui plus est, ces emplois sont, la plupart du temps, des emplois d’insertion qui mutualisent régulièrement leurs compétences pour faciliter le retour à l’emploi des personnes qui en sont durement éloignées.
Chaque lot de 1 000 ordinateurs à remettre en état crée un emploi stable pour une personne pendant 1 an. Ainsi, si les 40 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse au CAC 40 reconditionnaient 60 % de leurs ordinateurs dont elles se séparent, elles créeraient 90 emplois stables et éviteraient chaque année l’émission de 50 000 tonnes de gaz à effet de serre et la consommation de 372 millions de litres d’eau.
A l’échelle de toutes les entreprises françaises, les chiffres donnent le tournis. Nous sommes capables de créer 1 500 emplois qui permettraient d’éviter l’émission de 810 000 tonnes de gaz à effet de serre et la consommation de 6 milliards de litres d’eau, l’équivalent de 100 000 français. Et encore, il ne s’agit que des ordinateurs des professionnels. On ne compte ici ni les équipements du grand public, ni les autres équipements : écrans, imprimantes, serveurs, équipements réseaux, télévisions, etc.
Il y a donc un véritable enjeu national à développer la filière réemploi et le marché de l’occasion des équipements électroniques.
[1] Experts réunis la journée du 15/11 chez IT-CE pour le lancement de l’opération Reeeboot
- Violaine du Pontavice, Directeur associée et spécialiste en droit de l’environnement, Ernst & Young
- Lætitia Vasseur, Fondatrice de l’association HOP // Halte à l’Obsolescence Programmée.
- Patrick Bariol, Directeur du Développement, Ecologic
- Yves De Beauregard, Directeur d’Ateliers sans Frontières, Réseau ARES
- Frédéric Bordage, Expert GreenIT.fr et animateur du Club Green IT
- Jean-Christophe Chaussat, Responsable développement durable – DSI Pôle Emploi
- Antoine Drouet , Directeur des Ateliers du Bocage, Emmaus
- Bertrand Reygner, Directeur Technique, Ecologic
source : GreenIT.fr