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Recyclage : encore un gouffre entre les faits et les beaux discours

L’extraction des minerais utilisés dans la fabrication des appareils électroniques cause des impacts environnementaux majeurs qui se traduisent souvent par des impacts sanitaires et économiques pour les populations locales : l’environnement local étant dévasté, elles ne peuvent plus subvenir à leurs besoins, notamment via l’agriculture de subsistance. Par ailleurs, les produits toxiques utilisés polluent souvent les nappes phréatiques locales.

Une des meilleures parades pour éviter ces dommages est de favoriser la réutilisation des équipements. Dans un premier temps, il s’agit de développer le marché de l’occasion, puis dans un second temps le recyclage. Dans la logique du fameux leitmotiv Reduce, Reuse, Recycle.

Aux Pays-Bas, Eerlijke Verzekeringswijzer (Fair Insuranceguide) s’est intéressé aux investissements des compagnies d’assurance pour comprendre quelle est leur politique d’investissement dans ces domaines – recyclage et extraction de minerai – et ainsi comprendre si le discours de ces grandes entreprises européennes très rentables est uniquement du greenwashing ou s’il s’appuie sur des faits concrets. Car elles tiennent toutes un discours très contrôlé sur leurs investissements responsables (ISR).

69 fois plus d’investissement dans les mines que dans le recyclage
Les chiffres publiés dans le rapport « Case Study: Electronics, Mining and Urban Mining » sont sans ambiguïté. Le secteur de l’assurance investit 69 fois plus dans les mines que dans les acteurs du secteur du réemploi et du recyclage des équipements électroniques et des métaux.

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Selon les auteurs de l’étude, cette situation a de très fortes chances d’être identique dans les autres pays européens, dont la France. Et elle serait surtout due à la frilosité du secteur banque / assurance pour des activités qu’elles ne connaissent pas et aux manques de pressions de la part des gouvernements.

Résultat, plutôt que de créer de l’emploi dans les pays développés émetteurs, une grande quantité des déchets électroniques finissent en Afrique et en Asie où ils permettent à une minorité de s’enrichir sur le dos d’employés travaillant dans des conditions inhumaines.

Source : http://www.eerlijkeverzekeringswijzer.nl/nieuws/praktijkonderzoek-electronics-mining-urban-mining/

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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