Catégorie : Matériel

Véhicule électrique Vs véhicule thermique : qui gagne ?

Il y a quelques semaines, nous avons publié le résultat d’une analyse de cycle de (ACV) comparative entre un véhicule électrique (VE) et un véhicule thermique (VT) réalisée par Anders Hammer Strømman de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU) et d’autres chercheurs. Le résultat de cette ACV comparative est sans appel puisque un VE ne permet pas de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à un VT.

Afin d’alimenter la réflexion des lectrices et lecteurs de GreenIT.fr, nous présentons dans cet article, les résultats, plus nuancés, d’une nouvelle ACV comparative publiée récemment par l’ADEME ici : http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=13669.

Un réel besoin d’information
La mode du véhicule électrique est cyclique. Depuis son ancêtre la « Jamais contente » jusqu’à la nouvelle Zoé de Renault en passant par la EV1 de GM (91) et la Blue Car de Bolloré, le VE revient tel un serpent de mer remettre en question la pertinence du véhicule conventionnel ou véhicule thermique (ou VT, regroupant à la fois les motorisations Diesel et essence). A l’heure où les constructeurs proposent de nouveaux services de mobilité et les gouvernements mettent en place des incitations pour favoriser le développement de la filière électrique, qu’en est-il vraiment des bénéfices environnementaux du VE ?

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Objectifs et organisation de l’étude
PE INTERNATIONAL et Gingko 21 ont été mandatés par l’ADEME pour établir une comparaison des bilans environnementaux des VE et des VT essence et Diesel (les véhicules hybrides ne sont pas pris en compte dans cette étude). Les objectifs de cette étude sont de :
– mettre en lumière les domaines de pertinence de chaque véhicule en 2012 pour une utilisation en France et en Europe,
– rendre compte des perspectives d’évolution technologique à l’horizon 2020.

L’étude fournit des valeurs quantifiées sur l’ensemble du cycle de vie des véhicules pour différents indicateurs environnementaux :
– Consommation d’énergie primaire,
– Changement climatique,
– Epuisement des ressources fossiles
– Acidification
– Eutrophisation de l’eau
– Création d’ozone photochimique
– Emissions et déchets radioactifs

Le problème de l’évaluation environnementale des véhicules est l’incertitude des résultats en phase d’usage, du fait :
– du comportement du conducteur (conduite sportive, éco-conduite), et de l’usage (parcours urbain dense ou rural…),
– de la multitude des technologies disponibles (motorisation, cylindrée, avec ou sans filtre à particules…),
– de la variabilité des performances avec les conditions externes notamment (météo pour le VE) et avec l’âge du véhicule (et de la batterie).

Un comité technique regroupant industriels, institutionnels, fédérations et ONG a permis d’identifier les hypothèses consensuelles et pertinentes pour comparer VE et VT. De plus, une analyse d’incertitude réalisée pour les paramètres significatifs des VE et VT (composition, durée de vie et densité énergétique de la batterie, consommation énergétique en phase d’usage…) a permis d’identifier les domaines de pertinence environnementale respectifs des VE et des VT.

Principales conclusions
Une conclusion importante de ce travail est la pertinence environnementale du véhicule électrique en France aux horizons 2012 et 2020 sur bon nombre d’indicateurs, et en particulier pour le changement climatique. En effet, le VE français bénéficie d’une électricité peu carbonée. Ce constat doit être nuancé par les impacts de la fabrication de la batterie qui, pour certains indicateurs, notamment l’acidification, pénalisent le VE. De même, les bilans des émissions et déchets radioactifs sont clairement défavorables dans le cas du scénario français.

Pour les autres pays européens étudiés, les impacts environnementaux des VE et des VT sont dans le même ordre de grandeur, voire supérieurs pour le VE en raison de la fabrication de la batterie.

Des travaux complémentaires ont été réalisés pour mettre en perspective les effets de flotte pour certains impacts environnementaux non pris en compte dans l’ACV (matières critiques et pollution atmosphérique locale) à l’horizon 2020.

Les résultats détaillés de l’ACV sont disponibles sur le site de l’ADEME à l’adresse suivante :
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=13669

Ouverture
Les résultats de cette étude montrent l’importance, dans le bilan environnemental total d’un VE, de la production de la batterie et de l’électricité. Les scénarios à 2020 ne permettent pas d’anticiper une évolution suffisamment sensible des mix électriques : l’horizon 2030, voire 2050, serait à ce titre plus éclairant.

Qu’ils soient électriques ou thermiques, les véhicules voient leur bilan environnemental s’améliorer lorsqu’on intensifie leur usage, soit par l’auto partage, soit par le covoiturage. Là entre en jeu le potentiel des TIC pour contribuer à une mobilité plus durable.

De même, les smart grids représentent une solution pour faciliter le déploiement des VE, qui en retour offrirait un potentiel significatif de stockage d’appoint…

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source : http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=13669, GreenIT.fr, et http://www.gingko21.com/

BenjaminC