L’obsolescence programmée du logiciel
Alors même que l’obsolescence programmée du matériel est un fait avéré, peu ont conscience de la responsabilité du logiciel, pourtant largement aussi coupable, comme nous pouvons le voir ci-après au travers d’un exemple d’obsolescence logicielle sur un des systèmes les plus répandus à savoir Windows Server.
Les administrateurs systèmes font en sorte, autant que possible, de disposer d’outils homogènes. Pour autant, l’évolution naturelle de l’activité conduit à mettre en œuvre progressivement des nouveaux systèmes. Ces derniers sont souvent imposés par les fonctions logicielles attendues par les utilisateurs, la disponibilité des versions logicielles et les versions fournies en standard par les constructeurs. Faute de ressources humaines et/ou financières illimitées, au bout de quelques mois à quelques années, un parc informatique tend naturellement vers une relative hétérogénéité.
L’homogénéisation des systèmes informatiques finit par devenir une réelle nécessité pour garantir le fonctionnement opérationnel de l’ensemble. Cette opération peut cependant ressembler à un parcours du combattant tellement de contraintes sont susceptibles d’apparaître.
A titre d’exemple, la « simple » mise à jour d’un serveur Windows 2008 R1 vers 2008 R2 peut ainsi être beaucoup plus problématique qu’il n’y parait de prime abord. Windows 2008 R2 n’apporte quasiment aucune nouvelle fonctionnalité mis à part le support des processeurs 64 bits. On pourrait donc penser qu’il est possible de payer une simple mise à jour, mais ce n’est pas le cas. Il n’est pas non plus possible d’acquérir une mise à jour vers la version actuelle Windows 2012. Il faut s’acquitter d’une nouvelle licence complète, plus onéreuse. C’est un cas typique d’obsolescence administrative.
Plus riche fonctionnellement, l’installation d’une version Windows 2012, au-delà de ne pas régler le problème initial d’homogénéisation du parc, est susceptible de faire apparaitre des cas d’obsolescence par incompatibilité avec les serveurs physiques associés.
Sans afficher directement la durée de vie, le fait que le nom du logiciel intègre éventuellement une année le positionne dans le temps. Force est de constater, par exemple, que Windows 2008 R2 a été commercialisé en 2009 et que Windows 2012 est sorti en 2013. On a dès le début le sentiment d’acheter une solution « ancienne». Si on ajoute à cela les simples modifications esthétiques sur les logiciels on se retrouve alors dans un cas d’obsolescence esthétique.
Sans aucune contrainte réglementaire, les éditeurs disposent à leur gré des dates de fin de support sur leurs produits et donc de leur fin de vie caractérisant de fait une obsolescence par péremption.
L’utilisateur porte aussi une part de responsabilité et reste largement en mesure d’influer sur les politiques d’achats … ou non.
Nous écrivions déjà en 2010 que le logiciel programme l’obsolescence du matériel. Force est de constater, qu’en 2013, ceci est toujours vrai et que, de surcroit, le logiciel programme aussi sa propre obsolescence.
S’il y a au moins une chose dont l’obsolescence n’est pas programmée, c’est, bien malheureusement, cet article.