EDE : un nouvel indicateur pour les déchets électroniques
On le rabâche depuis plus de 8 ans sur GreenIT.fr : l’empreinte écologique et sanitaire des équipements électriques et électroniques (EEE)* se concentre presque toujours lors de leur fabrication et de leur fin de vie, et non pas lors de leur utilisation. Par ailleurs, le dérèglement climatique n’est qu’une des nombreuses crises écologiques. On peut citer pèle-mêle des crises tout aussi préoccupantes telles que l’écroulement de la biodiversité, l’épuisement des ressources non renouvelables (eau potable, terres arables, etc.). C’est donc un signe encourageant lorsqu’un organisme comme le consortium The Green Grid, propose un indicateur portant sur la qualité de traitement des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Et que cet indicateur n’est pas réservé aux opérateurs de data centers.
L’Electronics Disposal Efficiency (EDE) mesure la quantité de déchets électroniques (onduleurs, serveurs, baies, alimentations électriques, etc.) correctement traité en fin de vie. Les spécialistes du sujet noteront que l’EDE est théoriquement inutile en Europe puisque la directive WEEE impose de collecter et retraiter 100 % des DEEE de façon responsable. Cependant, contrairement à l’Europe où la directive WEEE est entrée en vigueur en janvier 2006, les Etats-Unis n’ont légiféré que très récemment pour encadrer la qualité du retraitement des déchets électroniques. Jusqu’à il y a encore peu, les Etats-Unis étaient le principal pays exportateur de DEEE en Afrique et en Chine, avec les conséquences que l’on sait… Suivant l’adage de Lord Kelvin*, cet indicateur est donc essentiel pour pousser les opérateurs de datacenters à améliorer la qualité de traitement de leurs déchets électroniques.
Concrètement, l’EDE rapporte la quantité (nombre d’unités ou poids) de DEEE retraitée dans des conditions jugées « responsables » à la quantité totale de DEEE émis par une entreprise ou un data center. Le traitement est jugé responsable si le prestataire DEEE est certifié à l’aide d’un standard adapté (lequel ?) par un organisme tiers accrédité à délivrer cette certification. Tous les détails sont disponibles dans le document : Electronic Disposal Efficiency (EDE): An IT Recycling Metric for Enterprises and Data Centres.
Un indicateur incomplet
L’EDE ne fait malheureusement pas la distinction entre les EEE qui arrive en fin d’utilisation – appelé end-of-current-use (EOCU) en américain – des EEE qui arrivent en fin de vie active (EOL pour end-of-life). Le Green Grid propose donc de ne pas considérer comme DEEE les équipements qui seront reconditionnés et / ou réutilisés. Un biais dangereux puisqu’il suffit, dans ces conditions, d’exporter ses déchets en Afrique pour ne plus en générer… Espérons que la version 2 de cet indicateur corrigera ce biais et proposera des sous-indicateurs essentiels tels que le « % de DEEE » : reconditionnés, recyclés, valorisés, et enfouis. Car, au final, il vaut mieux générer une grande quantité de DEEE et les reconditionner pour leur donner une seconde vie qu’une petite quantité de DEEE enfouis.
Source : http://www.thegreengrid.org/en/Global/Content/white-papers/WP53-ElectronicsDisposalEfficiencyAnItRecyclingMetricforEnterprisesandDataCenters
* Equipements Electriques et Electroniques (EEE) de catégorie 3 : ordinateurs, tablettes, smartphone, écrans, imprimantes, etc.
** On ne peut améliorer que ce que l’on sait mesurer.