Google Apps 6 fois moins énergivore qu’une suite bureautique traditionnelle
Après avoir annoncé que GMail émet 80 fois moins de CO2 qu’une messagerie interne, Google enfonce le clou avec sa suite bureautique en ligne Google Apps.
Associée au client-léger ChromeBook, la suite bureautique en ligne Google Apps réduirait la consommation électrique et les émissions de CO2 associées par un facteur 6 par rapport à une architecture bureautique traditionnelle (ordinateur de bureau + suite bureautique installée en local + serveur de messagerie / intranet).
Le géant du web estime en effet la consommation d’un poste bureautique traditionnel et des services connectés associés (messagerie, intranet pour le partage de documents, etc.) entre 60 et 510 kWh par an. En revanche, le tandem ChromeBook + Google Apps se limiterait à un fourchette de 10 à 94 kWh par an, même en prenant en compte 2 à 3 % de surconsommation du réseau informatique.
Pour justifier ces gains, Google utilise les mêmes arguments que lors de sa démonstration autour de Gmail. D’une part, côté serveur, le taux d’occupation et l’efficience énergétique des serveurs de Google seraient très supérieurs à ce que peut atteindre une entreprise. Dans le scénario le plus en sa faveur, Google estime pouvoir réduire de 90 % le nombre de serveurs de l’entreprise.
D’autre part, côté client, Google estime que son client-léger ChromeBook consomme 30 kWh par an en moyenne contre, au minimum, 60 kWh par an pour un ordinateur portable et jusqu’à 510 kWh par an pour un ordinateur de bureau.
Notre analyse : Google exagère
Notre analyse ne portera pas sur le débat sur la localisation géographique des data centers de Google. Une donnée qui a un impact majeur sur les émissions de gaz à effet de serre associées à la consommation électrique puisqu’on note un écart de conséquent entre la France et les Etats-Unis : 90 grammes d’équivalent CO2 par kWh électrique en France, contre environ 700 grammes d’équivalent CO2 par kWh électrique aux USA.
En revanche, l’estimation des gains apportés par Google Apps et le ChromeBook nous paraît largement surestimée.
Sur le terrain, pour un usage bureautique moyen, avec des postes bureautiques allumés toute la journée (pas de mode veille) mais éteints la nuit, on note une consommation de l’ordre de 100 à 200 kWh par an maximum (écran compris). Avec un matériel récent bien configuré, certaines entreprises descendent en dessous de 100 kWh par an.
D’autre part, la consommation électrique annuelle d’un ordinateur portable récent et bien configuré (activation de la veille et de la fréquence variable du processeur), utilisé sans station d’accueil et écran additionnel, se situe plutôt en dessous de 50 kWh par an.
Il semble donc que Google surestime largement la consommation électrique d’une architecture traditionnelle.
Par ailleurs, les retours d’expérience liés à la virtualisation des postes de travail montrent des économies potentielles de l’ordre d’un facteur 2, et jusqu’à 3 dans les cas extrêmes. La mutuelle agricole Agrica est ainsi passée de 230 kWh par an à 110 kWh par an en virtualisant ses postes de travail (25 kWh par an pour le client-léger + 87 kWh par an pour le serveur).
Même si l’exécution d’un poste de travail virtuel côté serveur consomme plus de ressources qu’une simple interface web (Google Apps), il semble exagéré de prétendre à un gain d’un facteur 5 entre les deux architectures techniques. D’autant que, dans le cas d’Agrica, le taux d’occupation des serveurs est déjà très optimisé.
A trop vouloir faire passer le cloud computing pour une solution Green IT miracle, les ténors de cette nouvelle architecture vont finir par la décrédibiliser. Surtout s’ils se concentrent uniquement sur la consommation d’énergie lors de la phase d’utilisation. Toutes les études démontrent en effet que le gros des émissions de gaz à effet de serre a lieu lors de la fabrication… Dommage, car, utilisée à bon escient, une suite bureautique en ligne permet réellement de réduire l’empreinte carbone du poste de travail, notamment en allongeant la durée de vie active du terminal de l’utilisateur…
Source : http://googlegreenblog.blogspot.fr/2012/06/energy-efficiency-in-cloud.html