Produire des TICs vertes ?
L’Association Information et Management (AIM) a organisé cette année son 15ième colloque sur la thématique : « Systèmes d’Information et Développement Durable : regards croisés et contributions ». GreenIT.fr était présent et vous présentera une vingtaine des nombreux travaux de recherche exposés. Thème du jour : «Peut-on produire des TIC vertes ? Equipementiers et parties prenantes dans le débat sur le caractère écologique des TIC. » de François DELTOUR.
Les enjeux environnementaux s’infiltrent dans toutes les industries : les TIC n’échappent pas à la règle. Elles ont longtemps été préservées de ce mouvement grâce à une image positive : innovation liberté, immatérialité… L’expérience nous montre que leur impact environnemental est loin d’être neutre. Aujourd’hui, la pression se fait de plus en plus forte sur cette industrie pour améliorer ses produits et les usages qui en sont faits.
Deux causes principales motivent les équipementiers à agir :
– Le respect de la réglementation
– la demande du marché.
Cela se traduit essentiellement par deux axes d’amélioration :
– L’efficacité énergétique principalement
– L’éco-conception en objectif affiché
La démarche des équipementiers reste néanmoins inaboutie : car il y a trois limites importantes à leur engagement :
– La durabilité des produits est une stratégie qui est extrêmement rare en termes d’éco-conception. Dans le secteur électrique, électronique et des TIC, il y a peu de fabricants qui diminuent la durée de vie de leurs produits et essayent d’inciter le consommateur à consommer moins.
– La force issue de l’union des constructeurs est souvent tournée vers une défense corporatiste. Il y a une intense activité réalisée par des syndicats-lobby auprès des pouvoirs publics lors de l’élaboration des directives européennes. De plus, en externalisant la question environnementale à ces syndicats, les entreprises trouvent ainsi une manière de s’affranchir à trouver une réponse aux enjeux environnementaux.
– Les équipementiers reportent leur responsabilité sur le consommateur qui doit alors déterminer et choisir les produits les plus vertueux : comme si l’offre n’avait pas de prise sur la demande. Globalement, chaque acteur ( équipementier / client / pouvoirs publics ) s’en tient à des actions qui ne mettent pas en cause les traits principaux de son rôle et tend à reporter la responsabilité sur d’autres acteurs. Personne ne vérifie si son analyse, en termes de report de responsabilité est fondée, autrement dit, si l’acteur incriminé dispose réellement des marges de manœuvre dont on le crédite. ( le fameux Ya ka ).
Les actions qui pourraient changer la donne existent, voici deux pistes :
– l’émergence de sociétés de taille plus réduite et qui sont souvent plus porteuses d’innovations fortes
-la mise en place de structures communes (FIEEC, GIMELEC ou Alliance TICS en France) qui prennent en charge les questions considérées comme non opérationnelles. Par exemple The Green Grid1 ou Climate Savers Computing2 qui sont des plateformes regroupant de nombreux équipementiers ou syndicats de producteurs (mais également des associations environnementalistes comme le WWF).
Librement interprété de l’article : «Peut-on produire des TIC vertes ? Equipementiers et parties prenantes dans le débat sur le caractère écologique des TIC. » de François DELTOUR.
