Les enjeux de l’affichage environnemental
L’Association Information et Management (AIM) a organisé cette année son 15ième colloque sur la thématique : « Systèmes d’Information et Développement Durable : regards croisés et contributions ». GreenIT.fr était présent et vous présentera une vingtaine des nombreux travaux de recherche exposés.
Thème du jour : « Informer sur la durabilité des biens et services : nouveaux rôles, nouveaux paradigmes » d’Isabelle DANGEARD.
La loi d’orientation dite Grenelle I du 3 août 2009, article 54 conclut : « Les consommateurs doivent pouvoir disposer d’une information environnementale sincère, objective et complète portant sur les caractéristiques globales du couple produit/emballage et se voir proposer des produits respectueux de l’environnement à des prix attractifs » …
Cette orientation transforme un état responsable en un état assistant. L’état responsable a à sa disposition : la fiscalité, les normes, les quotas pour orienter les consommateurs dans leurs achats. L’état assistant décharge sa responsabilité en matière d’intérêt général aux consommateurs en se limitant à leur fournir l’information nécessaire à un choix éclairé.
Peut-on croire que M. Tout Le Monde ou une entreprise mettra son intérêt personnel au second plan au profit de la communauté ? Exemple : payer plus cher un produit plus respectueux de l’environnement. Cette logique du don est plus qu’hypothétique même si elle peut apporter des bénéfices à celui qui donne.
Se pose également la pertinence de l’information : qui en est garant ? Il est clair que les circuits logistiques de fabrication longs donneront une information de faible qualité. Le consommateur ne pourra pas également visualiser les bénéfices de ses efforts qui seront reportés à un sous-traitant ou dans un pays étranger. Une défiance peut se créer sur l’affichage environnemental des produits et le discréditer. La tentation sera alors importante d’abandonner ou de se référer à des sources d’informations jugées plus pertinentes. Les circuits courts d’approvisionnement seront favorisés : comme Saint-Thomas : je ne crois que ce que je vois.
Admettons que les clients jouent le jeu de l’achat responsable : quelles difficultés pourraient rencontrer sa mise en place ? La traçabilité de l’information sur les produits devra être gérée par des systèmes d’informations partagés entre partenaires. Ce n’est pas dans la culture de l’entreprise de communiquer les impacts négatifs de ces produits. Le seul échange actuel est le prix. Il s’agirait alors de créer une comptabilité sociétale en parallèle de la comptabilité financière. Quelques éditeurs se lancent dans l’aventure de la gestion des droits à polluer ou de la taxe carbone qui ne prend en compte qu’un seul indicateur environnemental. Comment un logiciel pourra gérer l’information lorsque les critères et les sources seront multiples ?
Cet ensemble d’interrogations est appelé le paradigme de l’information sur la durabilité. Ne constitue-t-il qu’un premier pas vers une reprise en main par l’Etat de la gouvernance environnementale ? En effet, une fois l’information environnementale produite, une taxation ou des quotas pourront être mis en place plus facilement.
Librement interprété avec accord de l’article : «Informer sur la durabilité des biens et services : nouveaux rôles, nouveaux paradigmes. » d’Isabelle DANGEARD.