Catégorie : Recyclage

Le recyclage des DEEE empoisonne la Chine, l’Inde…

Une galerie photo, nous montre des images de reste d’écrans d’ordinateurs partiellement démantelés au bord d’un fleuve, de montagnes de claviers d’ordinateur, de circuits électroniques empilés à même le sol, de vieux toner d’imprimante en train d’être démontés dans la rue à main nue par un homme, cigarette au bec armé d’un tournevis .

Ce sont des photos prises à Guiyu, une ville de Chine. Dans cette ville atterrissent nombre de déchets électroniques en provenance du monde entier. Ils sont brulés, démolis pour en extraire certains métaux rares (de l’or par exemple).

Dans une étude réalisée par des scientifiques européens intitulée “Revue de l’impact et des effets des substances toxiques libérées par les équipements électriques et électronique pendant leur recyclage : Exemple en Chine et en Inde *” disponible ici, on apprend que le recyclage des déchets électroniques au travers de ce marché informel, la pollution engendrée est telle qu’elle annule les bienfaits du recyclage. En effet, pour extraire du plastique, de l’or, les techniques utilisées sont rudimentaires, artisanales (les matériaux sont chauffés à haute température pour récupérer l’or, les fumées dégagées libèrent un cocktail de dioxines, de plomb…). Les résidus polluent les sols, les rivières (l’eau n’est plus potable dans la région et est prélevée à 30 km de Guiyu) … A Guiyu, la concentration de plomb dans l’air est de 3 à 4 fois plus importante qu’à Tokyo.
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80 % des enfants qui vivent à Guiyu souffrent de maladies respiratoires. Le taux de plomb dans leur sang (15.3 μg/dL) dépasse la moyenne chinoise (9.29 μg/dL). En France le seuil de danger est fixé à 5 µg de plomb par dl de sang.

Historiquement, la Chine a été le plus gros récupérateur de déchets électroniques (DEEE). Une fois qu’ils ont pu récupérer certains métaux qui leurs sont nécessaires, les résidus de ces déchets repartent en Afrique pour un ènième recyclage générant une énième pollution. Le gouvernement chinois a entrepris de réguler l’importation de ces déchets et le contrôle du recyclage mais de nombreuses défaillances subsistent.

En conclusion, ce rapport suggère qu’il y a un sérieux lien de cause à effet entre les concentrations dans l’air et les sols de polluants (Plomb, dioxines, PCB) et ces opérations de recyclage. De plus le transport de ces déchets suggère un risque pour d’autres zones. Il suggère de mieux encadrer ce recyclage informel (en Chine mais aussi en Inde) et de mieux faire connaitre les processus de démantèlement des différents matériaux.

* review of the environmental fate and effects of hazardous substances released from electrical and electronic equipments during recycling: Examples from China and India” (en anglais)

Thierry Roch