Green IT et logiciel libre : même combat ?
Cela dure depuis plus de 40 ans : la puissance des ordinateurs double tous les deux ans. Cette conjecture, formulée par G. Moore en 1965, s’est révélée tellement pertinente qu’elle est aujourd’hui présentée comme une Loi du monde informatique. Plus qu’une loi naturelle, il s’agit d’une stratégie industrielle basée sur un rythme forcené d’innovation produisant l’obsolescence programmée des parcs informatiques.
Fabricants d’ordinateurs et éditeurs de logiciels ont travaillé main dans la main, chacun y trouvant son intérêt. Exploitant la puissance accrue des machines, la gaspillant souvent délibérément, chaque nouvelle génération de logiciels devenait inutilisable sur les anciens matériels.
Pas très vert, tout ça : outre le prix à payer pour l’utilisateur, qui renouvelle son parc à marche forcée, la note est salée pour la planète. Pourquoi ? Simplement parce que c’est dans les phases de conception, production et démantèlement (et non pendant leur courte utilisation) que les équipements électroniques ont la plus forte empreinte carbone.
C’est pour prendre le contre-pied de cette tendance “créée de toutes pièces par l’industrie du logiciel” que Jean-Pierre Marty, ancien enseignant tombé dans l’informatique très jeune (il a fait ses armes sur l’illustre Sinclair ZX 81) a créé Concept Eco Informatique. La jeune société appartient à une nouvelle génération de PME qui, en rupture avec les géants de l’informatique d’outre Atlantique, viennent re-dynamiser le tissus industriel local tout en portant une véritable vision globale.
Concept Eco Informatique utilise des logiciels libres pour donner une seconde vie à des matériels informatiques que des entreprises mettent au rebut à peine amortis. Un Dell Precision M70 (160 Go de disque, 2 Go de RAM, wifi, graveur DVD, écran 16/9 16″4) sous Ubuntu 8.04 et garanti 12 mois est par exemple proposée à 550 €. L’intérêt du logiciel libre est ici de donner accès à des fonctionnalités de pointe en restant peu gourmand en ressources matérielles.
La vente se fait en ligne ou en boutique, et cible principalement le grand public et les PME. Bizarrement, selon JP Marty, ce sont les clients “qui ont le plus haut niveau d’étude” qui sont le moins souples lorsqu’il s’agit de sortir du tout-Windows. Les acheteurs viennent pour trois raisons : pour trouver une offre Linux, pour serrer leur budget ou… par conviction écologique. Mais au fait, les trois motivations ne seraient-elles pas liées ?