Catégorie : Constructeur

Notre objectif : réduire la facture électrique des datacenters de 42%

Lancé en 2006 par IBM, le projet Big Green vise à réduire la consommation électrique des centres informatiques (datacenter). Cet investissement de un milliard de dollars sur trois ans entre dans sa second phase. L’occasion de faire un point avec Nicolas Sekkaki, Directeur Général d’IBM Global Technology Services (GTS) en France. Parmi les nombreuses activités de GTS, la branche service d’infrastructure d’IBM en France conçoit et gère des sites informatiques.

Pourquoi IBM investit-il autant dans les datacenters depuis un an ?
Nicolas Sekkaki : 78% des datacenters devront être renouvelés dans les 24 mois. Or, les architectures d’hier ne sont plus viables dans le contexte actuel qui se caractérise par une triple contrainte pour nos clients : augmentation du coût de l’énergie, densification et augmentation de la consommation des serveurs de 15% par an, et l’intérêt de l’entreprise pour l’environnement (RSE). Cette combinaison pousse nos clients à aller vers le Green IT. Notre objectif est de leur permettre de gérer plus d’informations tout en réduisant ou en maîtrisant les coûts. Car si on laisse les choses évoluer au rythme actuel, la consommation électrique des datacenters sera multipliée par 20 dans 10 ans.

Comment comptez-vous relever ce défi ?
La seule solution est de suivre une approche globale, depuis la construction du bâtiment jusqu’à l’administration des machines virtuelles. Nous avons donc standardisé une infrastructure modulaire de centre de données : Enterprise Modular Datacenter (EMD). Elle permet de créer des datacenters standards au sein d’un datacenters. 50% de l’énergie d’un datacenter est consommée par le refroidissement et les onduleurs. EMD partitionne donc basse et haute densité et gère le refroidissement en isolant les points chauds. La construction du bâtiment s’appuie elle aussi sur des plans standardisé. Nous avons décliné cette offre sous l’appellation Scalable Modular Datacenter (SMD) pour couvrir les besoins de 50 à 500 m2.

Quels sont les bénéfices ?
Notre objectif à l’issu de Big Green est de réduire la facture électrique de 42% tout en doublant la puissance. Nous visons un PUE de 1,5 et comptons réduire le TCO de 30 à 70% par rapport à aujourd’hui. Grâce à la standardisation, EMD et SMD sont 25% moins chers qu’un datacenter traditionnel et il ne faut que quelques semaines pour les mettre en œuvre (hors bâtiment). Ces datacenters sont plus évolutifs car plus modulaires et plus ouverts : ils acceptent l’ensemble des solutions du marché. Enfin, ils consomment 15 à 30% d’énergie en moins. Si bien qu’au final le retour sur investissement (ROI) n’est que de 6 à 12 mois. Ces chiffres s’appuient sur 41 déploiements déjà effectués en un an, dont le dernier en France. Enfin, en recourant aux mainframes dans certains cas, on peut obtenir des ratios bien meilleurs qu’avec des fermes de serveurs PC. Nous avons par exemple consolidé 3900 serveurs Unix et Intel sur 30 mainframes. Résultat ? Un gain de place au sol de 85% et une facture électrique réduite de 80%.

Sur quelles innovations technologiques vous appuyez-vous ?
Nous avons un savoir faire historique dans le domaine du mainframe. De nombreuses technologies modernes s’inspirent de ce passé. C’est par exemple le cas du refroidissement par eau des serveurs. Nous poussons ces approches à un autre niveau. Demain, ce sont les puces elles-mêmes qui seront refroidit à l’eau. Nous essayons également de recycler au maximum l’énergie, en chauffant par exemple des bureaux ou la piscine municipale du quartier avec la chaleur dégagée et en exploitant l’air ambiant grâce à des techniques de pre-cooling et de free-cooling.

De là à produire votre propre énergie il n’y a qu’un pas ?
Nous portons un intérêt certain pour ce type d’énergies. Nous travaillons par exemple au recyclage des galettes de silicium, produites par l’industrie informatique, en cellules photovoltaïques utilisées dans la fabrication des panneaux solaires. Et notre datacenter de Boulder va être alimenté en partie par des énergies renouvelables.

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

Site web - Twitter - Facebook - Linked In