Catégorie : Bonnes Pratiques

énergie : quelles (éco)pratiques au bureau ?

L’association Riposte Verte mène depuis plusieurs années une enquête* sur les (éco)pratiques au bureau, notamment sur celles concernant l’énergie. Pour la dernière édition menée fin 2013, GreenIT.fr et Riposte Verte se sont associés. Nous vous livrons les premiers résultats en exclusivité.

2/3 des entreprises n’ont pas de véritable politique énergétique
Le premier constat est plutôt alarmant : près des deux tiers des organismes sondés n’analysent toujours pas régulièrement leurs factures (30 %) et / ou n’ont aucune idée de leur consommation électrique (33%). Or, comme le disait Lord Kelvin, « on ne peut améliorer que ce que l’on sait mesurer ». La base même d’une politique énergétique efficace passe par l’élimination à la source des consommations superflues (négawatt). Il reste donc encore du chemin à parcourir… D’autant que, malgré une légère hausse (+6 %), l’approvisionnement en énergie renouvelable reste marginale avec seulement 9 % des organismes sondés qui déclarent y avoir recours.

7 entreprises sur 10 régulent efficacement le chauffage
Du côté de l’éclairage et du chauffage, l’adoption de bonnes pratiques progresse. Si l’éclairage d’un poste de travail sur deux n’a pas été passé en revue pour adapter puissance et technologie, la moitié des bureaux sont majoritairement équipés d’ampoules basse consommation et 16 % en sont équipés à 100 %. Côté chauffage, premier poste de dépense énergétique au m2, 69 % des organisations le régule de façon globale avec un thermostat programmable ou des robinets thermostatiques. Mais la sensibilisation des utilisateurs pour être améliorée.

Les ordinateurs utilisés en moyenne plus de 4 ans
Concernant les équipements informatiques et télécoms, le geste le plus efficace pour réduire les impacts environnementaux (gaz à effet de serre et déchets radioactifs) liés à la consommation d’énergie consiste à allonger leur durée de vie active. L’énergie utilisée pour fabriquer un ordinateur portable émet en effet environ 100 fois plus de gaz à effet de serre qu’un an d’utilisation en France (77 fois plus pour un iPad et environ 70 fois plus pour un desktop). On note une progression dans ce domaine avec 55 % des entreprises qui conservent leurs ordinateurs entre 4 et 5 ans et 29 % plus de 5 ans. C’est un signe très encourageant !

Personne ne sait combien consomme son PC
En revanche, 96 % des répondants ne connaissent pas la consommation de l’ordinateur sur lequel ils travaillent. Et parmi ceux qui avancent des chiffres, certaines réponses sont totalement loufoques avec par exemple un PC qui consomme 7 500 kWh par an, soit l’équivalent de 150 ordinateurs portables ! Pour rappel, la fourchette moyenne, pour un matériel bien paramétré et éteint le soir, se situe plutôt entre 200 kWh par an pour un ordinateur de bureau et son écran de 22 pouces ou inférieur et 25 à 50 kWh pour un ordinateur portable de 15 pouces ou inférieur.

Comme pour l’éclairage et le chauffage, les bonnes pratiques pour gérer les équipements informatiques ne sont pas suffisamment communiquées avec, en complément, des consignes claires et adaptées (au matériel, à l’usage, etc.). Seule une organisation sur trois donne des consignes pour l’utilisation du matériel informatique (36 %). En conséquence, les utilisateurs n’optimisent pas la mise en veille et l’arrêt (ou mise en veille prolongée) de leur poste de travail.

Impression : les bonnes pratiques se généralisent mais le nombre d’impressions stagne
On sent que le dossier impression est plus mature. 96 % des personnes interrogées ont accès à une imprimante multifonction en réseau (MFP) et seulement 15 % possède encore une imprimante individuelle. Cependant, malgré tous les efforts faits ces dernières années (consolidation, recto-verso, etc.) la moyenne plafonne à 30 pages imprimées par jour et par salarié, soit une stagnation sur les 3 dernières années. La mise en veille des MFP pourrait aussi être optimisée car seulement un copieur sur trois ne se met pas en veille automatiquement entre deux utilisations et seul un tiers du parc est éteint le soir.

Les pressions économiques et légales vont accélérer le mouvement en 2014
Les résultats de cette enquête montrent que toutes les organisations ne gèrent pas encore sérieusement l’énergie. Une industrialisation de la démarche et des efforts de sensibilisation s’avèreront encore nécessaires dans les années à venir pour faire plus d’économies. Heureusement, entre la hausse de 30 % du coût de l’énergie prévue d’ici 3 ans et l’obligation légale de réaliser un bilan énergétique pour les entreprises de plus de 250 salariés d’ici 2015, toutes les entreprises devraient s’y mettre sérieusement dès cette année.

* enquête menée en ligne en décembre 2013 auprès de 841 personnes avec 564 réponses validées. 55% sont des entreprises privées, 34 % des entreprises ou des services publics, 11 % des acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS). Tous les secteurs d’activité sont représentés avec, pour le privé, une prédominance du service aux entreprises et de l’industrie. Près de 40 % sont des entreprises de moins de 50 salariés (dont la moitié de moins de 10 salariés), 20 % de 51 à 250 salariés et 41 % de plus de 250 salariés.

Sources : Riposte Verte et GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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