Catégorie : Bonnes Pratiques

Comment réduire l’empreinte environnementale du web ?

Dans un précédent article, nous avons vu que l’empreinte annuelle moyenne d’un internaute est de l’ordre de :

  • 350 kWh d’énergie;
  • 200 kg de gaz à effet de serre ;
  • 3 000 litres d’eau.

Les équipements des internautes et les objets connectés concentrent les impacts associés à la fabrication (scope 3) : épuisement des ressources naturelles non renouvelables, impacts environnementaux et sanitaires associés à l’extraction des minerais et à la fabrication des composants électroniques, changement climatique.

Les émissions de gaz à effet de serre sont également réparties entre fabrication (48 %) et utilisation (52 %). En revanche, la consommation électrique (68 %) et d’eau (84 %) est prépondérante sur la phase d’utilisation. Elle est répartie entre les trois tiers : clients, réseau et serveurs. Les centres de données sont les plus gros consommateurs d’eau car ils en utilisent aussi pour refroidir les serveurs.

Utilisateurs : modifier ses habitudes

Du côté des utilisateurs, les gestes clés sont simples à mettre en œuvre, mais ils demandent à changer des habitudes bien ancrées :

  • Allonger la durée de vie des équipements. Comme c’est la fabrication des équipements des internautes et des objets connectés qui concentre le plus d’impacts, le geste clé consiste à utiliser le plus longtemps possible les équipements existants. En luttant ainsi contre le phénomène d’obsolescence programmée on réduit les impacts associés à la fabrication de nouveaux équipements.
  • Eteindre sa box et le boîtier TV le soir. Allumés 24 heures sur 24, un box ADSL et le boîtier TV associé consomment de 150 à 300 kWh par an, soit la consommation électrique annuelle de 5 à 10 ordinateurs portables 15 pouces utilisés 8 h par jour ! En éteignant sa box le soir, on peut facilement économiser 65 à 130 kWh, soit 8 à 16 euros et 650 à 1 300 litres d’eau.
  • Limiter l’usage du cloud au strict nécessaire. Le stockage en ligne de ses e-mails, photos, vidéos, musiques, et autres documents impose des allers-retours incessants entre le terminal de l’utilisateur et les serveurs. Or, transporter une donnée sur l’internet consomme 2 fois plus d’énergie que de la stocker pendant 1 an. Il faut donc favoriser au maximum le stockage et l’usage local de ses données.
  • Arrêter de regarder la télévision via l’internet. La vidéo en ligne représente plus de 60 % du trafic internet. En effet, le protocole IP multicast créé pour broadcaster des flux multimédia en économisant de la bande passante n’est quasiment pas utilisé. Si bien que regarder une émission en streaming HD via sa box ADSL émet autant de gaz à effet de serre que de fabriquer, transporter et lire un DVD ! Alors, préférez un bon livre, une soirée avec des amis, un DVD, la radio ou toute autre activité. A défaut, préférez la TNT.

Editeurs de services en ligne : l’écoconception à la rescousse

Les éditeurs de sites web et autres services en ligne peuvent contribuer efficacement à réduire l’empreinte du web en éco-concevant leurs sites web et autres services en ligne. Pour ne citer qu’un chiffre clé : le poids des pages web a été multiplié par 115 en 20 ans (1995-2015) passant de 14 Ko à 1 600 Ko. Mis à part quelques enrichissement mineurs, ce surpoids n’est pas justifié : on ne réserve pas plus vite un billet de train ou une place de spectacle qu’on le faisait par le passé.

Les éditeurs devraient donc éco-concevoir leurs services et contenus en ligne afin de réduire l’infrastructure physique nécessaire au transport et à la manipulation de tous ces octets. Linkedin et IBM ont démontré qu’ils ont divisé par plus de 100 le nombre de serveurs nécessaires en éco-concevant leurs services numériques. Cette démarche n’est pas réservée aux acteurs mondiaux du web et de l’informatique, la Banque Cantonale de Fribourg, La Poste, un grand opérateur télécoms français et bien d’autres entreprises la pratique déjà. D’autant que pour le web, il existe un référentiel de bonnes pratiques éco-conception web qui fait consensus.

Voir notre dossier sur le sujet et nos articles classés dans les rubriques écoconception et écoconception web.

Centres de données : moins refroidir

Du côté des centres de données, les actions clés consistent à limiter le nombre de serveurs et les besoins de refroidissement associés. Comme la plupart des exploitants de centres de données n’ont pas la main sur le premier paramètre, qui est directement influencé par le niveau d’écoconception des logiciels, ils se concentrent sur la réduction des besoins en refroidissement.

Cela passe notamment par la sélection d’équipements informatiques et télécoms peu énergivores et tolérants aux variations de température et d’hygrométrie (critères ASHRAE). Ils peuvent ainsi plus facilement les refroidir grâce à l’air froid extérieur. Plusieurs techniques fonctionnent en France : free cooling direct (refroidissement direct des équipements avec l’air froid extérieur), le free chilling qui consiste à ventiler l’air extérieur pour le refroidir avant de l’injecter, une variante dite « indirecte » s’appuie sur un échangeur thermique pour extraire les calories des serveurs via un circuit d’eau glacée.

Si l’entreprise fait le choix d’équipements informatiques adaptés et qu’elle couple ces approches avec d’autres bonnes pratiques – allées froides, confinement, température de consigne élevé, etc. – la production artificielle de froid n’est pratiquement jamais nécessaire en France, pour les centres de données dont la densité reste moyenne à faible.

Alimenter le tout avec de l’énergie renouvelable

Evidemment, toutes les parties prenantes – internautes compris – peuvent recourir à une électricité issue d’une énergie primaire renouvelable : éolien, hydraulique, solaire, biomasse, etc. Cette approche permet le plus souvent de réduire la quantité d’eau douce consommée et, dans une moindre mesure, les émissions de gaz à effet de serre associées à la fabrication de l’électricité.

Source : GreenIT.fr

Frédéric Bordage

Expert en green IT, sobriété numérique, numérique responsable, écoconception et slow.tech, j'ai créé le collectif Green IT en 2004. Je conseille des organisations privées et publiques, et anime GreenIT.fr, le Collectif Conception Numérique Responsable (@CNumR) et le Club Green IT.

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